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3 janvier 2015 6 03 /01 /janvier /2015 16:05

Le jeune Charlie, brave garçon qui vit dans une masure délabrée avec ses parents et ses grands-parents, gagne un ticket pour la visite unique d'une usine de chocolat ultra-secrète, qui le fait rêver depuis très longtemps. Avec lui, quatre autres enfants, infects rejetons gâtés, vont se rendre dans la chocolaterie mystérieuse. Tous sortiront vivants de leur rencontre avec l'énigmatique chocolatier Willy Wonka, mais... dans quel état?

Le roman de Roald Dahl est sans doute l'un des meilleurs livres pour enfants qui soit, même si dans la mesure ou on peut y apporter ce qu'on veut, le livre n'est pas réductible uniquement à cette apellation. Et paru en 1964, il est aussi un pur produit d'une époque d'ébullition artistique, si définitivement ancrée dans les trente glorieuses... Tout en étant très fidèle au livre, jusqu'à un certain point du moins comme nous le verrons tout à l'heure, l'adaptation par Tim Burton est aussi un film très personnel; Burton, sans doute le meilleur metteur en scène (Avant qu'il ne se fourvoie dans un Alice du pire mauvais gout quelques années plus tard) pour s'attaquer à une telle entreprise, y fait sienne la malice de Dahl, et s'il fournit un pendant visuel riche et très satisfaisant au livre (Déjà magnifiquement ilustré par Quentin Blake dans une édition qui fait référence), il a le bon gout de ne pas fermer l'interprétation. L'usine de chocolat, machine à rêves sublime, garde de nombreux mystères, et on n'a l'impression une fois visitée avec ce film, de n'avoir vu que la partie immergée de l'iceberg.

Avec certains de ses complices habituels, Depp et Elfman en tête, Burton s'est approprié sans efforts apparents l'histoire de Dahl, dont il renvoie en pemancence à l'aspect de conte, sans se vautrer dans du déjà vu, ou le pire mauvais gout de la version de 1971 (Par Mel Stuart. Si le film de 2005 ressemble souvent à un rêve, celui de 1971 fait partie de ces cauchemars qu'on fait quand on a 40° de fièvre...). Il crée un monde cohérent en dépit de l'absurde de la plupart des situations et réussit (En dépit du fait que Depp en fait, à mon humble avis, bien trop...) à trouver un juste milieu entre une histoire qui fonctionne et un univers qui délire. Pourtant la dernière partie, annoncée par de nombreuses allusions préalables, se perd dans une sous-intrigue rajoutée, liée à l'oubli volontaire par Willy Wonka de son père, et de là d'où il vient. Tout en reposant sur une thématique déjà vue et revue chez Tim Burton, et qui était d'ailleurs la base de l'intrigue de Big Fish, le film précédent, cet aspect du film déçoit, tend à trivialiser le propos. Ca devient un conte édifiant de plus, au lieu d'être ce grand défouloir psychédélique qu'est le livre. Ce défaut mis à part, cette très sage, mais globalement réussie, appropriation de Roald Dahl m'apparait comme un pendant valide au roman, et un Tim Burton qui n'a rien d'indigne. Une fois de plus,le metteur en scène nous envoie vers l'univers décalé de quelques marginaux, et nous fait voir sous un jour nouveau nos propres turpitudes, car, eh oui, Mike Teavee, Augustus Gloop, Violet Beauregard et Veruca Salt, ces affreux sales gosses, eh bien... C'est nous.

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Published by François Massarelli - dans Tim Burton