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19 février 2015 4 19 /02 /février /2015 17:36

Le prince Roundgito-Singh (Ivan Mosjoukine) fuit dans de périlleuses circonstances son Tibet natal, dans lequel il était pour le peuple une consolation, tant le tyran qui les gouvernait était craint et vil. Pervenu au terme d'un long voyage en Europe, il interrompt le tournage d'un film, et devant son exotisme, l'actrice principale Lady Anna (Natalie Lyssenko) intriguée, l'invite à se joindre à la production. Lady Anna, justement, qui vit une union fort compliquée avec son producteur de compagnon, jaloux et teigneux, est fort intrigante pour une actrice Française: elle parle le langage maternel du Prince. Quel secret cache-t-elle donc? Et que cherchent exactement les mystérieux individus qui parcourent la ville à la recherche du prince?

Ce film de prestige rocambolesque est l'une des premières productions de la firme Albatros lorsqu'elles se tournèrent vers des jeunes et moins jeunes réalisateurs établis. Et Epstein voyait d'un oeil gourmand les possibilités de mélanger son style audacieux et avant-gardiste avec le "style Mosjoukine". Celui-ci, de fait la plus grande vedette de l'Albatros si ce n'est du cinéma Français, n'allait plus mettre lui-même en scène ses productions (Au vu du Brasier Ardent, on ne peut que le regretter), mais continuait à fournir des scénarios. Un film avec Mosjoukine en provenance des studios Albatros, sur un scénario de la star, forcément ça impose le respect...

Pourtant cette histoire sans queue ni tête (Qualifiée d'idiote par Abel Gance lui-même, et l'auteur de l'immortel nanar La fin du monde était un connaisseur pourtant) sonne comme une métaphore vide de sens de la vie de Mosjoukine l'exilé à Paris. Au moins, Epstein profite des largesses de l'Albatros pour se lancer dans des extravagances stylistiques mâtinées d'une solide dose d'avant-garde... Mais après l'éclat flamboyant et l'humour dévastateur du Brasier Ardent, on reste perplexe devant les possibilités gâchées et le manque d'humour (Les ouvertures vers le baroque ne manquent pourtant pas, loin de là) fait décidément beaucoup pour le côté poids lourd de cette production, menée sans doute par un Mosjoukine fort imbu de lui-même (Mais ce n'est pas nouveau), mais qu'un réalisateur un peu plus aguerri et volontaire aurait certainement su canaliser: voir, à ce sujet, de quelle belle façon L'Herbier l'année suivante sut mélanger son univers et celui de Mosjoukine dans le superbe Feu Mathias Pascal.

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Published by François Massarelli - dans Muet Ivan Mosjoukine Albatros 1924 Jean Epstein *