En Australie, la petite ville de Paris prospère d'une façon somme toute originale: les collines avoisinantes sont propices aux accidents, les habitants recueillent donc les carcasses, et dévalisent le contenu et les possessions des voyageurs. Quant aux survivants, ils sont lobotomisés, et gardés à l'hôpital par le chirurgien local qui peut en toute tranquillité se livrer à des expériences. La voiture des frères Arthur et George Waldo fait partie des accidents, mais si George, qui conduisait, est tué sur le coup, Arthur s'en sort et est épargné par la volonté du maire qui souhaite un fils adoptif. Pendant ce temps, la jeunesse désoeuvrée, qui trafique les carcasses de voiture ou s'ennuie ferme, gronde de plus en plus insolemment...
C'est un film assez typique des années 70 dans la mesure ou il oscille constamment entre satire assumée mais aussi assénée froidement, et le genre horrifique, dans son versant le plus exagéré. Parmi les carcasses de voitures retapées par les voyous qui se livrent à une attaque finale, une Volkswagen Coccinelle hérissée de piques métalliques sert presque d'emblème au film depuis sa sortie. C'est aussi un pur produit de l'esprit iconoclaste de révolte des années 70, la société Australienne symbolisée par ce village de naufrageurs assumés, en prenant sévèrement pour son grade...
Si le film semble être à des années lumières des préoccupations thématiques des films ultérieurs de Weir, on notera pour le personnage d'Arthur Waldo qu'il est, à l'instar d'autres personnages des films du metteur en scène, prisonnier de l'univers étrange de Paris, la ville dans laquelle une sarabande de fantoches inquiétants célèbrent dans une fête sinistre l'esprit des pionniers Australiens. A rapprocher d'autres héros en cavale, des voyageurs contre leur gré, ou autres prisonniers des films du cinéaste... The cars that ate Paris reste sans doute une curiosité, mais avec son esprit railleur, ses pastiches assumés (Sergio Leone et Ennio Morricone ont droit à un clin d'oeil appuyé) il se bonifie à chaque vision.