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Le 'docteur', un dirigeant de la police Romaine (Gian Maria Volontè) qui s'apprèe à monter en grade en devenant le chef de la police politique, se rend chez sa maîtresse, la belle Augusta (Tereza Bolkan), avec laquelle il entretient une liaison depuis quelques temps. Il la tue froidement, et laisse trainer suffisament d'indices pour être soupçonné. Une fois revenu à son travail, il va mener l'enquête sur lui-même avec un aplomb et un cynisme déconcertant...
Sorti en 1970, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto) se place en droite ligne dans lecycle du cinéma politique Italien des années 60-70, dont Petri était l'un des hérauts, et bien sur le film met en vedette un autre grand nom du genre, Gian Maria Volontè, dont les idées politiques proches du PCI vont à l'encontre d'une république dominée depuis la guerre par la droite centriste de la démocratie Chrétienne, et une bureaucratie vaguement héritée des années fascistes. Dénoncer une société piégée dans sa crainte d'une révolution et qui s'en remet entièrement à la police, c'est le coeur du film, qui met en scène un 'citoyen au dessus de tout soupçon', comme il se définit lui-même à plusieurs reprises, qui vise à démontrer par son crime, c'est du moins sa façon de le justifier, qu'il est inattaquable, et donc que l'autorité représentée par la police est bien en place, dans une tourmente de plus en plus forte, entre les agitateurs politiques, les étudiants prompts à défiler contre le pouvoir et la police, et l'obsession de la déliquescence des moeurs, représentée dans la film par la chasse aux homosexuels et la violence avec laquelle un homme soupçonné d'être homosexuel se fait interroger par la police. Aucune scène dans le film ne quitte le giron de la police ou de l'enquête, et les hauts responsables visibles dans l'intrigue sont tous des fonctionnaires de police, une façon de démontrer pour les cinéastes qu'en Italie les politiciens s'en sont remis à la police. Le commissaire interprété par Volontè est d'ailleurs obsédé par le vote des gens, afin de déterminer s'ils sont du bon côté de la loi, ou non. Pourtant le film ne nous laisse pas l'impression d'une démocratie...
Gian Maria Volontè est de toutes les scènes, car c'est largement son point de vue qui est ici démontré, avec une tournure intéressante, volontiers casse-gueule: son point de vue est mis en avant, et d'une certaine manière c'est le même que celui de ceux qui, à gauche, auraient à coeur de le dénoncer: oui, il est au-dessus des lois, il est un criminel et un policier, et sa montée en puissance est de fait inévitable. Mais ce qui lui permet de se présenter avec une telle arrogance comme un criminel, multipliant les indices, en rajoutant même lorsqu'il estime que ça ne va pas assez vite, c'est le sentiment que quoi qu'il fasse on finira toujours par trouver un autre sur lequel faire retoimber la faute, car l'attaquer, c'est attaquer l'autorité...
Le film n'y va pas de main-morte, de fait, et il est quand même d'une certaine lourdeur... Le dispositif qui consiste à nous faire suivre les agissements du héros (Jamais nommé) et anticiper toutes les réactions embarrassées de ses subalternes, et supérieurs, finit par faire long feu. On est dans un cinéma de la démonstration, qui ne prend pas de gants. C'est généreux, parfois même drôle, mais d'une drôlerie amère. Volontè est à la base un pervers sexuel, qui s'est choisi une maîtresse pas trop regardante, avec laquelle il prend des photos crapuleuses reproduisant des meurtes auxquels il a été confrontés... Il finit d'ailleurs par se comporter en pur psychopathe, agressant les passants dans la rue pour leur livver son secret! La musique de Morricone, l'un des aspects les plus connus du film, achève d'ancrer ce film dans les années 70 naissantes.