Ray (Tom Hanks) a sans doute trop travaillé, et il a pris une semaine de repos avec l'intention bien claire de ne rien faire. Mais alors rien... Et comme James Stewart dans Rear Window, mais avec la mobilité en plus, il observe inévitablement ses voisins dans leur vie de tous les jours, ce qui désole son épouse Carol (Carrie Fisher). Mais dans ce qu'il voit, il y a surtout un problème: leurs nouveaux voisins, les Klopeck, que personne n'a jamais vu, qui un jour ont remplacé le couple de retraités qui vivaient avant dans leur vieille bâtisse toute vermoulue... Ils font des bruits étranges, ils ne se sont pas présentés ce qui est une faute de goût dans toute banlieue qui se respecte... Le mystère va s'épaissir avec la disparition soudaine d'un autre voisin, Walter, mais aussi avec la découverte d'un fémur par un chien, juste sous la palissade qui sépare la maison de Ray de celle des Klopeck. Ray, son copain Art (Rick Ducommun) et le vétéran du Vietnam Mark Rumsfeld (Bruce Dern) mènent l'enquête, avec de biens piètres résultats...
Dans la longue, tumultueuse et étonnante carrière de Dante, The 'Burbs se situe entre sa participation à Amazon women from the moon, le film à sketchs de John Landis (Intitulé Cheeseburger film sandwich dans notre pays, et ce titre franchouillard est probablement ce que le film a de meilleur) et le long métrage controversé et haï par lequel il a tout perdu, Gremlins 2: The new batch. On peut considérer que The 'Burbs est l'aboutissement de sa carrière de réalisateur, même si les avis sont lourdement partagés. Avec son pedigree étrange, un tiers parodie de film fantastique, un tiers de satire joyeuse et grinçante de l'esprit de la banlieue, et Joe Dante oblige, un tiers de méta-film sur le rapport compliqué entre les terribles choses à voir et celui qui les voit avec fascination et un peu de pop-corn: un cocktail trop compliqué pour les vieilles gloires de la critique que sont les Roger Ebert et autres distributeurs impénitents de bons points, de notes et d'étoiles. Pourtant j'émets une hypothèse: The 'Burbs est son meilleur film, celui dans lequel justement il ne se force pas à choisir entre le fantastique et sa parodie, tout en se livrant à ce qu'il fait de mieux, la critique de nos médiocrités vues par le biais de la fascination envers nos médias. Tom Hanks et ses copains dans ce film sont des minables, des losers, et des beaufs de premier choix. Et comme le fait remarquer l'un d'entre eux, après avoir passé un film entier à chercher la petite bête pour expliquer par les plus alarmantes et les plus désastreuses hypothèses le comportement quelque peu étrange de leurs voisins les Klopeck, les êtres maléfiques, ce sont sans doute eux, ces Américains moyens qui s'arrogent le droit d'aller espionner chez leurs voisins parce que leur médiocrité ne ressemble pas à la leur...
Et la comédie avance à coup de parodies réjouissantes, enchainées sans temps morts (Ah, la parodie de western à la Leone, avec gros plans des yeux d'un caniche!) et d'allusions au péché mignon de Dante, l'insertion de séquences dans lesquelles des enfants regardent la télévision, ou encore les extraits des films que regardent les protagonistes. Dante s'est fait plaisir, avec ici des extraits magnifiquement insérés de Texas Chainsaw massacre, de The exorcist et d'un autre film particulièrement bien choisi; et il y a Ricky (Corey Feldman), un ado qui prend toute cette affaire en spectateur, et pour les dernières 45 minutes du film, s'installe sur sa terrasse avec tous ses copains et des pizzas, pour assister à l'étrange film qui se déroule sous leurs yeux... Joe Dante a réussi à transformer la banlieue Américaine en un film trépidant, qui s'en plaindrait? Les critiques, aparemment.