Depuis les années 30 et l'apparition de la "Comedie romantique", le genre a connu beaucoup de hauts, mais surtout des bas. Du coup, ce film est plus qu'une bonne surprise, en tant que tel d'abord, mais aussi parce qu'il révèle un cinéaste, lui même fils de réalisateur et de deux stars, mais qui a su développer une personnalité en dépit d'un désir de se référer au genre lui-même: il réussit la performance de passer par tous les clichés possibles et imaginables, mais par la même occasion de faire les choix de mise en scène les plus simples, de confier aux acteurs le soin de mener la barque (littéralement), comme son père qui laissait ses acteurs improviser devant la caméra. Les scènes coupées du film, rendues disponibles sur le Dévédé, qui auraient rendu le film plus explicite, plus fluide, mais aussi plus fade, montrent bien quels choix ont primé: laisser sa place à la gaucherie, notamment dans les scènes intimistes, laisser aux acteurs le temps d'habiter les scènes, les laisser vivre.
Un rappel de l'histoire s'impose: une vieille dame atteinte de la maladie d'Alzheimer est aidée dans son malheur par un vieil homme en assez bonne santé qui lui raconte une histoire couchée sur un mystérieux carnet, celle d'une couple passé par des hauts et des bas, mais dont l'histoire romantique passionne la vieille dame. Les flash-backs sont traités dans un style flamboyant, qui est encore rehaussé par le fait que cette histoire se situe dans le sud, et dans sa nature fascinante, avec deux acteurs splendides, Rachel McAdams et Ryan Gosling, qui auront du mal à se sortir du film, puisqu'ils seront un couple durant trois ans. Les deux personnes âgées, James Garner et Gena Rowlands, la maman du réalisateur, ont beau ne pas leur ressembler, il est clair très vite que les deux couples ne font qu'un, le film ayant la politesse de ne pas le dire explicitement, mais c'est un secret qui ne dure pas longtemps.
Le désir de créer un film qui soit du cinéma, jusqu'à l'extrême, qui se vautre avec le plus grand bonheur dans les clichés, et une thématique surannée, avec le renfort d'une imagerie symbolique très codifiée, sans jamais être ridicule, voilà le pari réussi par Nick Cassavetes. Autant je détestais les films du père, avec leurs psychodrames indécents, autant ce petit film délicat me charme.