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29 mai 2015 5 29 /05 /mai /2015 18:23

Une jeune femme(Cleo Ridgely), fille de juge mais mariée par amour avec un abominable filou, se rend compte de son erreur après quelques années. Engagée par un couple riche pour du travail à domicile, elle renoue avec son passé bourgeois et s'éprend d'un jeune milliardaire. Suite à divers quiproquos, le jeune homme (Wallace Reid) tue son mari et va (sans doute) pouvoir convoler avec la belle.

Sur ce canevas de mélo, du à la fidèle Jeanie McPherson viennent se greffer divers thèmes, sociaux et moraux, qui étaient dans l'air en cette année 1915 (The Mother And The Law, Alias Jimmy Valentine, Regeneration en témoignent tous): il y est question de barrières de classes, de pauvreté, de gangstérisme, et de débrouille malhonnête; mais DeMille ne s'intéresse pas vraiment à la misère de ses protagonistes, elle lui sert de décor; au spectateur de tirer ses propres conclusions. En revanche s'il dépeint les pauvres de façon traditionnelle, il charge ses riches, bardés de suffisance et de cruauté, et confie au seul Wallace Reid un rôle positif et droit, dont il s'acquitte d'ailleurs de façon convaincante. C'est une constante de ce film: à l'instar de The Cheat, DeMille l'a admirablement dirigé. Il est vrai que l'un était tourné le jour(The Cheat) et l'autre la nuit(Chance), d'où un certain nombre de scènes nocturnes très effectives, une science de l'éclairage, plus encore que dans le film précédent, et un sentiment d'étouffement(Toutes les scènes ou presque sont des intérieurs)qui pousse le drame plus loin que l'élégant style de The Cheat, brillant mais un peu vain.

Le film précédent posait les jalons d'un mélodrame bourgeois, celui-ci est un merveilleux exercice d'économie, dans lequel contrairement aux luxueux exemples précités (Griffith, Walsh, Tourneur) on évite les grandes scènes de genre (Le Hold up de Jimmy Valentine, ou l'incendie de Regeneration, tous deux spectaculaires par la mise en scène et les moyens utilisés) pour se concentrer à chaque scène sur les drames de deux ou trois personnages, superbement interprétés et bénéficiant d'une mise en scène précise, d'une photographie à tomber par terre, et d'un montage constamment efficace, le tout fourni en prime avec une fin ouverte, abrupte et dénuée de tout commentaire, ce qui est particulièrement intéressant quand on connait le parcours de son auteur dans les décennies qui s'annoncent...

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Published by François Massarelli - dans Muet Cecil B. DeMille 1915 *