Première collaboration entre Laughton et Hitchcock, premier film issu de la collaboration entre Laughton et le grand producteur Erich Pommer, retrouvailles de ce dernier avec Hitchcock qu'il avait croisé à Berlin durant les années 20, premier rôle d'envergure sous le nom de Maureen O'Hara pour une jeune actrice Irlandaise promise à un bel avenir, première de trois adaptations de Daphné du Maurier par Hitchcock, dernier film enfin de ce dernier en Angleterre avant son départ pour les Etats-Unis...
Ce qui précède fait qu'on avait de quoi attendre beaucoup de Jamaica inn, la déception est donc à la mesure de l'attente... Je ne sais pas s'il faut aller jusqu'à suivre Hitchcock qui lui parlait de désastre absolu, mais le fait est qu'on s'ennuie parfois ferme devant ce film d'aventures, qui fait partie d'un sous-genre assez particulier: le film de naufrageurs...
Adaptée de Daphné du Maurier, donc, l'intrigue raconte les mésaventures d'une jeune et innocente Irlandaise, Mary (Maureen O'Hara) qui est venue en Cornouailles pour retrouver sa tante Patience (Marie Ney) à la "Taverne de la Jamaïque", sans savoir qu'il s'agit d'un coupe-gorge, un repère de naufrageurs menés par son oncle Joss (Leslie Banks). Dès son arrivée elle va être mêlée à leurs affaires puisqu'elle va les empêcher de pendre l'un des leurs, en fait un officier de police venu enquêter sur leurs agissements (Robert Newton). Celui-ci aimerait bien savoir qui est le véritable meneur de la bande car il a deviné que Joss n'est qu'un comparse. Il s'entretient avec le potentat local, le juge de paix Sir Humphrey Pengallon (Charles Laughton), sans se douter un seul instant qu'il s'agit précisément du chef de la bande...
Le film épargne au spectateur le "whodunit", en révélant contrairement au roman le pot-aux-roses dès le départ; il est vrai que de savoir, contrairement à la plupart des protagonistes, que le juge est en fait le chef des bandits, donne un peu de sel supplémentaire au film, mais pas tant que ça, hélas...
Le problème, c'est qu'Hitchcock a l'esprit ailleurs, précisément tourné vers son voyage à venir vers Hollywood et ses plateaux, et ce film est essentiellement un prétexte pour permettre à Laughton d'assumer ses caprices. Il n'y est pas mauvais, même si on sent qu'il était difficile de le contenir. Hitchcock y a bien fait son travail, mais ne s'est pas passionné pour cette histoire, dont il faut peut-être sauver la qualité technique impressionnante des scènes de naufrage, et le personnage de Mary, jeune femme innocente tout à coup confrontée dans sa propre famille au crime le plus noir. Maureen O'Hara est merveilleuse, bien sûr, mais comment pourrait-il en être autrement?
Et s'il a souvent pesté contre l'obligation dans laquelle il s'était trouvé de faire ce film, au moins Hitchcock a-t-il pu ici se faire les dents sur de remarquables scènes au montageparticulièrement excitant, et ce dès le départ du film, avec ce spectaculaire naufrage qui tourne au massacre...
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