Ce film fait partie des premiers longs métrages de DeMille, ceux qu'il tournait l'un après l'autre, le plus souvent adaptés de pièces de théâtre à succès (La fameuse formule qui a lancé la toute jeune Paramount, "Famous players in famous plays", annonçait la couleur). Après The Squaw man et The virginian, tous les deux tournés en 1914 (au milieu d'une impressionnante liste de près de dix films), c'est aussi un western, avec son folklore et ses péripéties: l'intrigue concerne une femme, interprétée par Mabel Van Buren, qui tombe amoureuse d'un bandit de grand chemin, le flamboyant Ramerrez (House Peters), et qui pour éviter la corde à ce dernier va devoir le suivre dans son exil hors de Californie.
DeMille est déjà à la recherche d'une certaine fluidité narrative et d'un nouveau relief à donner à ses oeuvres. Il fait encore confiance à des plans larges, qui contiennent beaucoup d'information, mais il compose avec assurance ses images, et il utilise le montage pour entrer plus avant dans la psychologue de ses personnages. Cet aspect intimiste est encore balbutiant, et il faudra à DeMille et son opérateur Alvin Wyckoff l'expérience artistique de The Cheat et son exploration des possibilités de la lumière et du clair-obscur pour toucher au but, mais avec ce film on sent déjà le metteur en scène en pleine recherche. Et comme dans ses autres westerns, DeMille sait qu'il peut compter sur les fabuleux paysages de la Californie du Nord pour ses films... Quant à la thématique, elle s'inscrit déjà dans la vision du western qui restera jusqu'à la fin de sa carrière le credo du metteur en scène: l'homme -et la femme- y est vu comme un pionnier, qui inscrit sa destinée dans l'idée d'une recherche du progrès. Le héros, qu'il soit redresseur de torts ou hors-la-loi (Ou les deux, comme le sera un peu Gary Cooper dans The Plainsman), ne peut s'accomplir qu'en transportant un peu la civilisation avec lui-ou elle.