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14 juillet 2015 2 14 /07 /juillet /2015 11:15

La cupidité est au coeur de l'oeuvre de Pabst, en particulier ses films muets: l'argent est le moteur de nombreux personnages de La Rue sans joie, le pharmacien du Journal d'une fille perdue est prêt à vendre sa fille pour garder son commerce, et certains amis de Loulou semblent aisément et dangereusement corruptibles... Ce premier film du metteur en scène sous forte influence de l'expressionnisme cinématographique Allemand, qui vivait ses derniers feux en cette année 1923 (Le cabinet des figures de cire, de Paul Leni), s'appelle justement Le trésor, et va tourner autour de réactions différentes à l'appât d'un magot, qui pour rejoindre une autre préoccupation majeure du cinéaste, est assimilé à la sexualité, et l'amour...

En actuelle Slovénie, chez un artisan, on parle d'un trésor légendaire: quand les Turcs ont envahi la région de Vienne, un magot phénoménal aurait été caché dans les environs. C'est un conte plus ou moins accepté comme une légende, mais un homme y croit dur comme fer, un assistant (Werner Krauss) de l'artisan (Albert Steinruck). Arrive un travailleur itinérant (Hans Brausewetter) qui demande et obtient de s'installer avec eux, et entend parler du trésor. Il n'y croit pas, préférant s'intéresser à a fille du patron, mais celle-ci (Lucie Mannheim) lui fait comprendre qu'il y a peut-être du vrai dans cette histoire... La compétition devient rude entre les deux assistants, que ce soit pour trouver ce fameux trésor, ou pour les faveurs de la jeune femme...

La préférence de Pabst, elle, ne fait aucun doute. Werner Krauss, qui sera bientôt (Dans la magnifique La rue sans joie de 1925, le troisième film de Pabst) un boucher qui fournit de la viande aux jeunes femmes contre des faveurs sexuelles, joue ici un homme inquiétant, presque animal, dont l'obsession sexuelle est soulignée dès les premières séquences, au moyen du regard terrifiant et fixe avec lequel il dévisage l'objet de son désir. On le verra, le trésor est pour lui plus qu'une obsession, ce sera la clé de ses fantasmes puisqu'il échangera l'usufruit du magot une fois celui-ci trouvé contre la fille... Mais le héros, pourtant un cavaleur de première classe trouvera lui en la fille de la maison l'amour, et saura s'arrêter à temps.

L'intrigue, comme celle de beaucoup de films muets Allemands, tient en vraiment peu de péripéties, mais Pabst a surtout soigné son image, en combinant avec adresse des décors inspirés de l"expressionnisme, mais bien plus réalistes, un clair-obscur adroit (Du au chef-opérateur Otto Tober) et un jeu divisé en deux tendances: excessif pour les obsédés du trésor, plus raisonnable pour les autres. Pabst, on le sait, ira vers le naturalisme avant la fin de la décennie, pour l'instant il est amené à étudier et exploiter l'héritage expressionniste avec une certaine finesse, dans un petit film miraculé comme tant d'autres...

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Published by François Massarelli - dans Muet 1923 Georg Wilhelm Pabst * ...Jusqu'à l'aube