
Le dernier film de l'équipe rassemblée autour de Doug Fairbanks, avec Anita Loos et John Emerson, Victor Fleming à la photo (Assisté de Sam Landers) et Eileen Percy en vedette, Reaching for the moon prouve que désormais Douglas voit grand. Il commence à tenter de faire reculer les limites du cadre qui est le sien: cinq bobines, c'est assez pour des comédies, mais... il voit plus grand, plus loin... Quatre ans plus tard, il sautera le pas comme on le sait, mais pour l'instant il trouve des moyens d'élargir son champ d'action sans pour autant renier les côtés sportifs, modernes et optimistes de ses petites productions...
Alexis Brown est né, de son propre aveu, sous un patronage exigeant: sa mère qu'il n'a jamais connue l'avait en effet prénommé Alexis Caesar Napoleon, en hommage bien sur à deux autocrates bien connus, mais aussi au roi Alexis, de son lointain pays, la Vulgaria. Et Alexis, qui ne s'y est jamais rendu, est persuadé que son destin est lié à ce royaume, où il serait appelé à faire de grandes choses. Il lit en permanence des livres de pseudo-philosophie dont il ne comprend pas le sens, et s'imagine fait pour la grandeur, au grand dam de son amie Elsie, qui l'aime désespérément, mais qui souhaiterait qu'il retombe sur terre, tout comme son patron, d'ailleurs, qui espère que son imagination galopante va un jour servir les destinées de l'entreprise qui l'a embauché. Mais peine perdue: le rêve reste le maître mot d'Alexis, qui va justement se laisser embarquer dans une histoire particulièrement délirante...
L'introduction au film nous montre Doug qui tente de saisir la lune, comme le propose le titre. Au figuré, il s'agit d'une injonction à être ambitieux, et si le film tend à nous montrer que c'est bien joli, mais qu'il fait aussi savoir avoir les pieds sur terre, de fait on sent que Fairbanks se laisse emporter lui aussi par des rêves de grandeur, qui donnent justement au film une certaine classe: la portion qui se passe en Vulgaria a permis à l'équipe de faire construire des décors et de multiplier les costumes des nombreux figurants; désormais, Fairbanks entend bien jouer dans la cou des grands; il filme encore à New York (Dont il nous montre des images tournées en toute liberté), mais se rend aussi en Californie, une partie du film ayant été tournée à Venice. Il ne tardera pas à s'y installer définitivement. Pour finir, Fairbanks gardait un bon souvenir de ce petit film, au point d'en voler le titre pour un de ses films parlant, mais qui semble n'avoir rien en commun avec cette intrigue...