
Entre The Mollycoddle (Sorti le 13 juin 1920) et ce film, sorti pour sa part le 6 mars 1921, il y a eu une révolution: Fairbanks, convaincu par ses amis qui le pressaient d'aller dans ce sens, a monté la production, écrit, interprété et sorti via United Artists The mark of Zorro, dirigé par Fred Niblo. L'une des décisions "de confort" qui a permis à l'acteur de se lancer dans une telle entreprise était l'engagement de toute la compagnie de tourner et sortir ensuite un autre film, dans le style des comédies contemporaines, et de voir lequel des deux aurait le plus de succès. Comme on s'en doute, c'est The mark of Zorro qui a remporté un triomphe, envoyant ainsi tout le cycle de comédies de Fairbanks telles qu'il les tournait aux oubliettes... Et renvoyant The nut dans la position inconfortable d'un bouche-trou peu convaincant, le film de trop, ce qu'il n'est pas. Admettons toutefois que ce film tourné vite, sans conviction, par un ancien assistant de Victor Fleming, réalisateur de seconde équipe sur le Zorro, et interprété sans passion par Fairbanks pris à son propre piège, est loin d'être son meilleur film...
Charlie Jackson (Douglas Fairbanks) est un inventeur, du genre de ceux qui cherchent à optimiser chaque instant de la vie quotidienne, d'une façon ingénieuse mais inutile; Il est très amoureux de sa voisine, la jolie Estrell Wynn (Marguerite de la Motte), et est prêt à tout pour la conquérir. Il souhaite en particulier l'aider dans un projet social un peu original pour lequel elle peine à trouver du soutien. Aidé de son ingéniosité et de sa passion, il tente de lui apporter ces soutiens sur un plateau, en essayant de contrer la concurrence d'un malfrat (William Lowery) qui s'est entiché de la belle, et a lui u peu plus les moyens que Charlie de promettre monts et merveilles, tout en n'ayant bien sur pas le moins du monde l'intention de tenir les dites promesses.
Le film non plus ne tient pas toutes ses promesses, d'une part parce qu'une fois le quotidien de l'inventeur montré dans une séquence d'ouverture amusante et qui anticipe sur les films de Buster Keaton (Dont les idées en matière d'inventions délirantes débouchaient le plus souvent sur des trouvailles géniales, ce n'est pas tout à fait le cas ici), les inventions disparaissent au profit d'idées extravagantes, mais sans aucun apport technologique. Ensuite, on attend d'un film de Fairbanks des cascades, de l'énergie, ici, les calories sont brûlées à vide, dans une comédie parfois un peu vaine. L'acteur avait certainement choisi son camp, et souhaitait à n'en pas douter revenir à l'aventure avec un grand A, lui qui rêvait d'incarner D'Artagnan! Mais le film vaut au moins pour son extravagance, ses petites touches occasionnelles, comme les standardistes qui changent en fonction de l'interlocuteur au téléphone: Doug a droit à un angelot, alors que le bandit passe par un standard tenu par Belzébuth lui-même! The nut est donc un exercice mineur, et inattendu pour qui est familier des autres films des années 20 de Fairbanks... Qui n'allait pas tarder, enfin, à porter la moustache pour de vrai.