Un vrai gamin, Jeff Hillington, qui est tellement obsédé par l'Ouest sauvage, du moins celui qu'on découvre dans les romans qu'il lit... Il s'est aménagé dans sa chambre un coin "tente" atour duquel il recrée avec une précision maniaque les conditions de vie d'un cow-boy. Ca irrite forcément son père, qui rêverait volontiers d'un héritier plus convenable pour ses affaires, mais il l'a quand même embauché pour l'assister. Arrive une occasion rêvée: des clients de l'Arizona viennent solliciter une aide financière pour des installations, M. Hillington propose d'y envoyer son fils afin de faire d'une pierre deux coups: venir en aide à ses clients, et... permettre à son fils de découvrir le vrai Ouest moderne. Mais d'une part les habitants du village dans lequel Jeff va se rendre ont l'idée de recréer l'ambiance de l'Ouest mythique, afin de faire une farce au jeune homme, qui est bien sur ravi en arrivant dans une ville de cow-boys plus vraie que nature, et d'autre part une bande de hors-a-loi mijote un coup fumant, et pourraient bien tirer parti de la confusion qui va s'installer avec la venue de Jeff...
Filmé à Fort Lee, New Jersey, Wild and Woolly est l'une des premières productions indépendantes de Fairbanks, qui a quitté la Triangle et travaille désormais pour Artcraft/Paramount. Il a constitué une fine équipe avec laquelle il travaille dans une totale indépendance, et avec une redoutable efficacité: Anita Loos au script, John Emerson à la direction et Victor Fleming fait ses débuts de chef-opérateur à l'aube d'une exceptionnelle carrière. Le film est du pur Fairbanks, empreint d'un enthousiasme enfantin, communicatif et débordant d'énergie positive et de clins d'oeil. On aperçoit, outre la star incontestée qui n'hésite pas à se moquer de son propre enthousiasme débordant , et se représente en pur naïf, Eileen Percy qui joue la belle Nell, l'une des autochtones qui va être chamboulée par l'arrivée de Jeff, ou encore Sam De Grasse en méchant à moustache... Parmi les rôles moins importants, on eut noter Charles Stevens, le petit-fils de Geronimo selon la légende, et qui est le plus souvent de la partie dans les films de Doug. Enfin, Tom Wilson et Monte Blue font eux aussi des apparitions.
Le film ne se prive pas de montrer une image des peuples Indiens (Lâches, pouilleux, et soiffards) qui ne leur fait pas honneur, mais c'est à mon sens dans la lignée de The battle at Elderbush Gulch, de Griffith (L'un de ses pires films à mon avis), et de la littérature de gare que Jeff Hillington lit par brouettes entières... Le film, tourné à une cadence moins rapide que ses prédecesseurs, est aussi plus long: petit à petit, Fairbanks fait son trou dans le cinéma Américain. On ne m'empêchera d'ailleurs pas de penser qu'à sa façon, ce film célèbre le genre même des oeuvres du comédien-producteur, cette capacité à fournir du rêve, quitte à oublier toute vraisemblance. L'ouest rêvé par Jeff est anachronique, et n'a bien sur jamais vraiment existé, mais l'acteur nous montre comment le jeune homme peut, par le simple pouvoir de sa venue, lui donner corps, et donner aux habitants des raisons d'y croire eux-mêmes. On est ici dans une symbolique, dont l"optimisme dépasse largement le champ du western ou du cinéma. Des années avant ses superproductions, Doug Fairbanks donne déjà des leçons de vie qu'on aimerait tellement avoir la possibilité de mettre en pratique!