
Rare parmi les films Hongrois du réalisateur futur de Casablanca, cet "Indésirable", qui répondit parfois aussi au nom de "L'expulsion", est donc un survivant, et qui plus est en excellente condition. Mais ce qu'il démontre, c'est que si le génie du réalisateur a explosé à Hollywood dans le confortable giron de la Warner, le Curtiz Hongrois se reposait essentiellement sur de vieilles recettes dont on sait à la vision des films contemporains, Danois, Allemands, Suédois, Français, Italiens, Russes et Américains, qu'elles sont éculées. Cet indésirable est un mélo au premier degré, de la pire espèce, à la théâtralité gênante, dont la réalisation ne nous donne pas vraiment e grand frisson. Les années Autrichiennes de Kertesz vont, on le sait, prolonger cette tendance au mélo flamboyant, mais avec une profusion de moyens qui rend certains films (Les chemins de la terreur, L'avalanche) absolument stimulants... Pas ici.
L'histoire concerne une jeune femme, Betty, qui apprend à la mort de l'homme qui l'a élevée qu'il n'était pas son père. Au même moment, la mère biologique finit de purger une peine de prison de quinze ans, et étant libérée, se met malgré la fatigue et la maladie, en quête de son village natal pour y retrouver sa fille. Celle-ci vient de se faire embaucher dans une maison, tenue par une veuve remariée à une fripouille, mais le fils de la maison (Mihaly Varkonyi, futur Victor Varconi, qui suivra Curtiz dans son exil futur) tombe amoureux de la jeune femme. Les deux "exilées", la mère et la fille, se retrouveront-elles?
Ces trois bobines de mélo sont filmées dans des décors parfois naturels, où au moins éclate le talent de Curtiz pour la composition, mais la plupart des décors d'intérieurs, dans les scènes du village, sonnent faux. On attendait bien sur la don pour les décors baroques, propices aux recherches esthétiques, auxquelles s'adonnera le metteur en scène lors de son passage à la Sascha films en Autriche... Et un autre trait irritant de ce jeune film, c'est la maladresse de son humour, bien gras. L'historienne Lotte Eisner qui se plaignait de 'humour "paysan" de Murnau dans Sunrise, se serait probablement déchaînée ici...