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2 août 2015 7 02 /08 /août /2015 17:38

Fairbanks et D'Artagnan, c'est une longue histoire, qui n'allait bien sur pas être résolue avec un seul film adapté de Dumas, pas plus évidemment qu'elle n'avait trouvé son accomplissement avec A modern musketeer (1917), le film d'Allan Dwan si bien nommé, qui au moins avait prouvé avec panache que Douglas Fairbanks avait sans doute besoin de réinventer le film d'aventures... Donc, s'il était attendu que l'acteur-scénariste-producteur concrétise enfin sa soif d'incarner pour de bon le héros de Dumas, on pouvait légitimement se demander si en faisant cela il ne risquait pas de brûler sa dernière cartouche. Pourtant, il n'en est rien, au contraire. Plus encore que de prolonger le flamboyant mais un peu simpliste Mark of Zorro, son nouveau film passe à la vitesse supérieure, en offrant ce que personne n'osait faire aux Etats-Unis: un grand film à la fois ambitieux, riche et populaire, une oeuvre de deux heures (Douze bobines) mais riche en rebondissements pour tenir le public en haleine, un film en costumes, mais mené d'une façon tellement dynamique, que personne n'y trouverait à redire...

Le film suit la trame générale de la première moitié des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas, en s'intéressant à l'exposition des personnages, l'idylle de D'Artagnan pour Constance Bonacieux (Marguerite de la Motte), sa confrontation avec le dangereux mais fascinant Cardinal Richelieu (Nigel de Brulier), sa camaraderie avec ses futurs frères d'armes que sont les "trois mousquetaires" du titre, interprétés par Leon Barry, George Siegmann et Eugene Palette... La concurrence effrénée pour le pouvoir entre Richelieu et le roi Louis XIII (Adolphe Menjou) passe bien sur par la manipulation des amours de la reine (Mary McLaren) et du duc de Buckingham (Thomas Holding), et Rochefort (Boyd Irwin) et Milady de Winter (Barbara La Marr) intriguent à tout va pendant que le fidèle Charles Stevens incarne le non moins fidèle Planchet.

Les passages obligés abondent (Bagarre à Meung, triple promesse de duel à l'arrivée à Paris, l'affaire des ferrets, la course à Londres), les duels et autres bagarres homériques sont réglés de main de maître. La seule entorse vraiment spectaculaire, mais après tout le film n'exploite que la moitié du roman, c'est bien sûr le fait que Constance est encore vivante au moment où se termine le film... Fairbanks et son équipe ont vraiment fait passer le film d'aventures à l'âge adulte avec cette oeuvre - et les suivantes, bien sur, Robin Hood en tête. La structure du film, le fait (Comme dans The mark Of Zorro) de faire arriver la vedette au terme d'une longue exposition, la mise en évidence du conflit politique fondamental qui règne au royaume de France par une partie d'échecs, la mise en valeur de Richelieu comme un homme certes manipulateur et maléfique, mais aussi comme un grand homme quoi qu'on fasse (Une adaptation de 1995, qui le transformera en vieux libidineux, n'aura pas tant de scrupules): tout est mis en oeuvre pour réaliser un film distrayant, mais sans en exagérer les contours, ni prendre le public pour des nigauds; et d'Artagnan, impulsif mais tendre, bagarreur mais juste, au service du roi mais aussi au service de l'histoire, est un héros riche, qui ne se contente pas de sauter dans les coins. Bon, admettons, pour faire bonne mesure, qu'il fait aussi des acrobaties dans tous les sens, avec la gourmandise enfantine d'une personne qui s'est en plus fait bâtir un terrain de jeux à la hauteur (Décors parfaits), et dont les amis ont revêtu des costumes effectués avec grand soin. La mise en scène de Niblo se met bien sur au service du dynamisme de l'ensemble, et on ne sera en aucun cas étonnés de constater qu'elle est excellente, ce qui ne sera vraiment pas le cas de son Blood and sand sorti l'année suivante! Plus que la longue version à épisodes de Henri Diamant-Berger sortie en France en même temps, cette édition des Trois Mousquetaires est un bon gros classique du cinéma muet.

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Published by François Massarelli - dans Muet 1921 Fred Niblo Douglas Fairbanks ** Dumas