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20 novembre 2015 5 20 /11 /novembre /2015 17:00

...Ou comment aller totalement contre la politique des auteurs! Avec ce film, on est au coeur de la machinerie de la Metro-Goldwyn-Mayer des années 50, avec un réalisateur qui était essentiellement spécialisé dans le tout venant (Des séries B, des "Lassie", etc) de la firme, et une équipe dans laquelle chaque artisan, chaque technicien était entièrement investi dans le projet, derrière Wilcox, mais aussi derrière les décorateurs, menés par Arthur Lonergan, l'armée de scénaristes de la MGM dirigée cette fois par Cyril Hume... Le tout débouche sur un film d'une remarquable portée, à la fois sorte de trace ultime de la science-fiction des années 50, donc démodée sitôt passé un délai de cinq ans, et film intemporel et unique, une série B gonflée par l'astuce et le savoir-faire de ses techniciens en un produit de luxe, avec sa photo en couleurs et son Cinémascope des grands jours, dus à la patte du chef-opérateur George Folsey. Pour couronner le tout, et ajouter à l'étrangeté du projet, il n'y a pas de musique; mais plutôt des bruitages électroniques d'ambiance, qui jouent exactement le rôle qu'aurait joué une partition classique, et qui sont désormais indissociables du film et de son atmosphère.

Un vaisseau spatial terrien vogue vers une lointaine galaxie, à la recherche d'une expédition scientifique qui se serait abîmée vingt ans auparavant, à proximité d'une planète hospitalière appelée Altair 4. Au moment d'arriver à destination, les hommes de l'équipage (il s'agit essentiellement d'une mission militaire) ont la surprise d'entendre à la radio la voix du Dr Edward Morbius, un des scientifiques du Bellérophon, le vaisseau de l'expédition perdue, leur dire avec une certaine autorité de s'éloigner et de rentrer sur terre. Ils n'en font rien, et vont vite découvrir la retraite de Morbius, l'unique survivant retranché en naufragé volontaire sur la planète où il s'est trouvé comme en un paradis, étudiant depuis vingt ans les traces éparses mais fascinantes d'une civilisation disparue, les Krells, tâchant de comprendre de quelle façon ces êtres infiniment supérieurs aux terriens avaient pu s'auto-détruire alors que leur vie entière était une recherche de la connaissance, de la science et de la pureté pacifique... Les militaires vont aussi faire la connaissance de Robbie, le robot le plus perfectionné qui soit, mais surtout d'Altaira, la jeune fille née des amours de Morbius et d'une autre scientifique du Béllérophon... Mais tous ces humains sont ils les seuls êtres sur cette planète lointaine? Bien des événements vont contredire cette hypothèse.

D'un côté, avec Leslie Nielsen en maître de cérémonie, les soldats (Qui viennent au nom d'une alliance des nations belle utopie!) se rendent sur une autre planète avec l'innocence des ignorants, et face à eux, Morbius (Walter Pidgeon) est un home doté à l'origine d'un Q.I. hors concours, et qui a trouvé dans ses recherches autour de la civilisation Krell une source de nouvelles connaissances inépuisables. Son intelligence est sans limites, et il ne le sait pas encore. Le film joue beaucoup de la prestance et de la séduction naturelle de Pidgeon pour installer une forte ambiguïté: quelle part joue-t-il dans les étranges attentats dont sont victimes les terriens, dans leur vaisseau, puis des meurtres barbares dont sont victimes certains d'entre eux? Quelle part la technologie Krell, magnifiquement conservée car dotée de toute une machinerie interne d'auto-entretien et d'auto-alimentation, joue-t-elle dans le mystère? Ce sont là certaines des questions passionnantes et aussi un peu délirantes auquel ce film à la rigueur sciencefictionnelle typique des années 50 se charge de répondre... Tout en empruntant à Shakespeare et à The tempest, tant qu'à faire!

...Mais si on aime vraiment l'idée d'un film dont la trame se situe autour justement de l'absence, de l'invisible aussi, de l'insaisissable enfin (Mais qui est ce montre, et d'ailleurs, existe-t-il?), il n'en reste pas moins que le grand plaisir du film dérive essentiellement de cette science-fiction codifiée, du message d'humilité face à une science qui voudrait en savoir trop et ignorerait la nature même de l'humanité dans sa beauté ET sa laideur (Le monstre d'un côté, la jolie Altaira, jouée par la jolie Anne Francis, de l'autre, sont après tout deux faces d'un seul et même être, et rassurez-vous si vous n'avez pas encore vu le film, je n'ai malgré tout pas tout dit), dans ses décors superbes, son Cinémascope utilisé à fond, ses animations surannées (Dues à des équipes venues de chez Disney) et dans ses ridicules vaguement assumés. Série B de grande classe, ou film cosmique et grandiose déguisé en produit de grande consommation, qu'importe: c'est un classique.

Forbidden planet (Fred McLeod Wilcox, 1956)
Forbidden planet (Fred McLeod Wilcox, 1956)
Forbidden planet (Fred McLeod Wilcox, 1956)
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Published by François Massarelli - dans Science-fiction Shakespeare