Dans la jungle représentée par les films WB de 1933, Lady Killer n'est sans doute pas le plus brillant des joyaux... Il ne manque pourtant ni d'intérêts, ni de qualités. Et surtout, il est un de ces films qui rendent totalement transparente la politique du studio en cette période riche en expérimentations, tout en étant une bien aimable comédie... Le film, comme d'autres avant lui, et de nombreux autres après, nous conte l'ascension et la chute d'un truand, Dan Quigley (James Cagney), qui est venu à ce métier par véritable talent et vocation, et qui, à environ la moitié du film, se fait doubler par sa bande. Acculé, il réussit à s'en sortir, trouve un emploi de figurant sur les tournages, et de fil en aiguille, devient une star, qui file le parfait amour avec sa co-vedette Lois Underwood (Margaret Lindsay). Mais bien sur au moment ou tout va bien, sa bande se rappelle à son bon souvenir...
Comme Edward G. Robinson à la même époque, Cagney semble enchaîner les comédies en cette période. Rien d'étonnant: si le code de production n'est pas vraiment en vigueur, et les studios sont en relative liberté, de nombreuses voix s'élèvent pour demander à ce que les films de gangsters cessent de glorifier la pègre... D'où la profusion de comédies durant lesquelles les durs tentent de s'affranchir de leur passé (Little giant, Archie Mayo, 1933; Jimmie the gent, Michael Curtiz, 1934...). C'est doublement payant: on retient donc des films initiaux les frissons et l'image de leurs stars (Public enemy et Little Caesar restent à ce niveau les principales références), tout en dotant d'une intrigue qui dégonfle un peu la charge, voire des situations qui les tournent un peu en ridicule.
Mais ici, la Warner joue de toute évidence un double jeu: oubliez Margaret Lindsay, l'essentiel du film est une joute entre Cagney et une autre actrice, Mae Clarke. Vous la connaissez certainement, elle était dans de nombreux films, notamment en 1931 Waterloo Bridge et Frankenstein, tous les deux de James Whale, mais aussi et surtout, Public enemy, cachée dans une scène célèbre derrière un pamplemousse. Ici, l'actrice a une fois de plus à subir le caractère de Cagney, mais d'une façon différente (même si lors d'une scène, l'acteur lui donne de façon menaçante... un ananas!). Le film, vendu au public sur cette réminiscence, vaut bien sûr mieux que ça... Et il participera sans doute de façon importante à la cristallisation du statut de star de James Cagney, et ça, après tout, ce n'est pas rien!