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Il peut paraître surprenant de voir John Ford sacrifier au genre du film catastrophe, d'autant que ce n'était pas un genre très développé à cette époque lointaine. Tourné pour la Goldwyn, avec des moyens conséquents mais au prix d'une certaine frustration, The Hurricane est donc pour Ford l'occasion de mettre en scène une communauté en proie à une catastrophe, ce qui ne nous surprendra pas vraiment, tant le réalisateur a pris l'habitude de conter des aventures de groupes humains en proie à toutes sortes de périls, sur les routes de l'ouest (Wagon master, Stagecoach), les déserts (Three Godfathers, The lost patrol) ou même les jungles du Pacifique, perdues dans la guerre (They were expendable). Et Ford, amoureux de la mer et du Pacifique en particulier, devait prendre comme une bonne nouvelle la mission de tourner un film sur la Polynésie... mais dut le tourner en studio.
Sur une petite île de Polynésie Française, deux jeunes indigènes, Marama (Dorothy Lamour) et Terangi (Jon Hall) se marient. Au cours d'un voyge à Tahiti, Terangi va se battre contre un Français qui l'a insulté, et écope donc de six mois de prison. Ayant tenté de s'évader, il va voir sa peine prolongée. La troisième tentative sera pourtant la bonne, et il revient à Marama et à sa fille qu'il n'a pas encore connue. le gouverneur De Laage (Raymond Massey), un homme intransigeant, est déterminé à le retrouver, alors que Mme De Laage (Mary Astor) se fait la protectrice du couple et de la communauté indigène. Mais un ouragan menace...
Le film est contemporain de la menace de guerre, et l'historien Joseph McBride attribue à ce film une dimension métaphorique, voire prophétique, lorsque le drapeau Français flottant au dessus de Tahiti se fait déchirer par l'ouragan dévastateur... Il est possible qu'il y ait ici comme un petit commentaire symbolique, doublé par l'attitude profondément intolérante de Massey (Qui est, comme à son habitude, merveilleusement méchant!), mais je pense qu'il faut surtout y lire une critique violente du colonialisme, sous toutes ses formes, que les humanistes Ford et son scénariste Dudley Nichols, ne pouvaient pas supporter. Et le film se situe bien dans la peinture habituelle par Ford des destinées tragiques des groupes humains. Si on n'en fait pas plus de cas, bien que le film soit après tout fort distrayant et très bien réalisé, c'est sans doute parce que décidément, Ford n'a pas eu comme Murnau la chance de tourner "son" film Polynésien sur les lieux mêmes du drame, et qu'on est plutôt dans un tranquille savoir-faire Hollywoodien que dans Tabu...