A wild hare (1940)
Après la création en quatre temps du personnage de lapin des Merrie Melodies et Looney tunes, le film sans doute le plus important pour terminer de cimenter tous les aspects du caractère de celui qui allait bientôt être nommé Bugs Bunny a été confié à Tex Avery; dans A wild hare, Bunny est aux prises avec Elmer Fudd qui est venu chasser le lapin... Et celui-ci le voit venir de loin, et va forcément, une carotte à la bouche, lui demander calmement... "What's up doc?" Le reste est de l'histoire, et ça marche tout seul... La voix de Mel Blanc sans accélération est là, avec un accent qui est un mélange de Brooklyn et du Bronx, et le personnage fonctionne tout seul, dans un partenariat qui sera la base d'un grand nombre de cartoons à venir. La seule addition notable du film suivant (Elmer's pet rabbit, de Chuck Jones, rare et indisponible en DVD) sera le nom lui-même.
Tortoise beats hare (1941)
C'est un Bugs très sur de lui qui s'introduit en douce sur le générique du film, et commente les noms des auteurs, puis s'offusque à l'annonce du titre... Avery avait déjà une idée très arrêtée du caractère de cochon du personnage, et si on s'étonne a posteriori un peu de voir Bugs Bunny se faire arnaquer par un autre, le côté matamore du personnage explique très bien l'idée de se laisser défier par... une tortue. Le concept sera réutilisé dans deux autres films, l'un par Clampett, l'autre par Freleng.
A heckling hare (1941)
Les historiens voudraient bien que ceci soit le dernier Bugs réalisé par Avery... Voir plus bas. Dans ce film qui est une suite de gags liés à la poursuite, Bugs a comme adversaire le chien idiot Willoughby, et c'est un plaisir de voir l'invention déployée par Avery et ses animateurs, notamment dans un concours de grimaces mémorable. Certains gags resserviront dès le Bugs suivant, celui dont on n'a à peine le droit de parler...
All this and rabbit stew
...Sans doute parce qu'il fait partie des Censored 11, les 11 Looney tunes et Merrie melodies interdits de diffusion pour présence de matériel controversé, le plus souvent des stéréotypes ethniques que nous qualifierons pudiquement de "passés de mode"... Remplacez Elmer par un jeune noir un peu lent, et vous aurez compris. L'une des variantes, c'est que Bugs triomphe de son opposant en jouant ses affaires aux dés...
Après ces quatre films, le film Crazy Cruise, fini par Clampett, nous montre une courte apparition de Bugs Bunny en 1942... Grace aux films des uns et des autres, Bunny est désormais une star, et Avery est à la MGM. Mais ses films auront beaucoup fait pour pousser les limites dans lesquelles le personnage évoluerait d'une part, et encore plus pour installer son personnage.