Le personnage de Bugs Bunny est totalement établi et intégré lorsque Freleng s'attaque à ce film. Le titre est sans équivoque, il s'agit d'une réappropriation du Petit Chaperon Rouge (Little red riding hood) de Perrault, dans lequel Bugs Bunny interprète en quelque sorte le rôle... de la galette! L'histoire va très vite bifurquer, bien sur, mais disons pour simplifier que la petite jeune fille, très irritante (Elle vocifère des répliques qui la posent tout de suite comme une personne l'intelligence très déduite, tout comme son vocabulaire) se rend chez sa mère-grand pour lui donner un lapin, mais on ne verra jamais la mère-grand en question! Par contre, un loup beaucoup plus gras et musclé que les playboys de Tex Avery va jouer un rôle crucial; d'une part selon la loi du genre, il connait bien sur le conte, mais il n'est pas le seul loup! et d'autre part, le film va vite tourner autour de la confrontation entre le lapin et le loup.
Le film est passionnant, superbe de bout en bout par le tempo choisi par Freleng, qui comme à son habitude laisse la musique s'installer entre nous et les personnages (Ah, ces personnages qui montent des escaliers au son de violoncelles pizzicato!) mais aussi par l'invention dont il témoigne... Et on se prend à comparer ici le style si distinctif du metteur en scène avec celui de Tex Avery, qui aimait tant ce genre de jeu de massacre autour des contes pour enfants. Impossible de se tromper, pourtant ce film est bien de Freleng, une preuve décidément que chaque metteur en scène des Merrie Melodies et des Looney tunes savait garder sa personnalité y compris en reprenant le territoire de ses collègues.