La création d'un héros durable tient parfois à peu de choses... Durable, c'est un bien grand mot, d'ailleurs: Marvin le Martien n'apparaîtra en tout et pour tout que dans cinq films... Mais ce n'est pas un personnage qu'on oublie de sitôt...
A l'origine, il y a donc ce film, du pur Chuck Jones dans lequel Bugs Bunny est choisi pour participer à une mission sur la lune. Persuadé (Carottes...) d'accepter la mission, il se retrouve donc coincé dans une fusée qui d'ailleurs va se crasher sur la lune... où il va rencontrer la plus étrange des créatures extra-terrestres de tous les temps, avec ses baskets, sa jupette et son casque romain, ainsi que son chien vert qui possède les mêmes attributs. Le reste, inévitablement, est une série de gags idiots liés à la confrontation entre un être trop supérieurement intelligent (Bugs) et deux créatures d'une autre planète plus bornés l'un que l'autre.
Outre l'apparition de Marvin, le meilleur moment de ce film (Qui a l'avantage de nous proposer un Bugs Bunny un peu moins omnipotent qu'à l'accoutumée) est l'arrivée de la fusée sur la Lune, qui occasionne des séquelles sur le héros, devenu incapable de se mouvoir normalement. Jones choisit de saccader à l'extrême sa progression, alternant plusieurs images fixes, de Bugs Bunny dans des attitudes de distorsion prononcée. Un,moment qu'on peut juger autant hilarant que très déstabilisant, qui participe assez bien d'une attitude de Chuck Jones face à l'existence, faite d'humour noir, d'absurde, et d'une certaine méchanceté graphique. Un pendant de ce passage, qui pousse le bouchon beaucoup plus loin, est le célèbre Duck Amuck de 1953.
Quant à Marvin, eh bien... il reviendra.