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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 13:35

Encore un film de Max Linder qui part d'une situation médicale: comme Max Linder ne se sent pas bien, il va voir un médecin qui lui prescrit de boire un verre de quinquina par jour. Avec son épouse, il ne trouve qu'un seul verre pour absorber le liquide, le médecin lui ayant conseillé d'utiliser "un verre à Bordeaux", ils choisissent donc un immense récipient, sur lequel est estampillé "Souvenir de Bordeaux"! Inévitablement, Max se sent bien mieux après absorption de la boisson, et part en vadrouille immédiatement. Il se rend dans un café où il se fâche avec plusieurs clients. Tous lui donnent leur carte, et il terminera la journée en revenant se coucher... mais pas chez lui, ce qui provoquera des problèmes.

C'est l'un des films les plus connus de Linder, et l'un de ses plus classiques aussi. On constatera plusieurs aspects dans cette bobine qui lient l'oeuvre de Linder à celle de Chaplin: une certaine tendance dans ce film à s'attacher avec minutie à tous les gestes d'un fêtard, dont l'enchaînement des tribulations provoque également un enchaînement des catastrophes, est à la base de One A. M., mais aussi de The Rounders (Tourné par Chaplin en collaboration avec Arbuckle), et cette veine comico-éthylique se poursuit chez Chaplin jusqu'à City lights. Pour Linder, on pense bien sur à quelques séquences de Seven years bad luck, mais aussi à Be my wife qui tourne beaucoup autour de la soûlographie à l'age de la prohibition. Mais dans Max victime du quinquina, on constatera aussi un début de prise de conscience esthétique pour Linder qui jusqu'à présent tournait ses films sans trop se préoccuper de l'image. Un plan est frappant par son côté comique: après l'absorption du liquide, une voiture est en attente devant la maison de Max. Elle est vue de l'arrière, et simultanément, Max (A gauche) et un autre monsieur (A droite) entrent dans le véhicule. Une fois dedans, ils sortent immédiatement, se retrouvent tous les deux au premier plan pour se confondre en excuses, Puis... retournent ensemble pour rejouer exactement la même scène. Une simple observation débouche ici sur un effet visuel, qui confine à l'absurde. Voilà qui place immédiatement Max à l'avant-garde des comiques Français. En même temps, au vu des films de Bosetti, Jean Durand et Georges Monca, ce n'était pas trop compliqué!

Dans le film tel qu'il se déroule, on trouve un autre lien avec Chaplin, mais qui débouche sur une curieuse absence de scrupules: là ou Chaplin aime beaucoup montrer ses personnages qui défient les moments solennels en affichant ouvertement des remontées de gaz grossières, l'artiste s'arrêtait toujours à temps: mais là ou Chaplin jouait à nous faire croire qu'il vomissait depuis le bateau de The immigrant, Linder lui vomit carrément dans le chapeau d'un de ses antagonistes, qui va en plus mettre le chapeau sur sa tête, et en recevoir l'inévitable conséquence. C'est presque choquant,..

Avec ses qualités et ses défauts, ce film montre en Max Linder un auteur décidé à forger sur les bases qu'il a installées auprès du public (Un ton, un univers et un personnage qui sont tous distinctifs, reconnaissables et appréciés) un comique qui va jouer, de plus en plus, sur la précision des gestes. Une tentation du raffinement, que ne permettait pas toujours ni l'économie particulière du cinéma comique Français dans lequel il fallait travailler vite et sans trop dépenser, ni le tempérament de Linder qui filmait tout ce qui bouge sans jamais prendre le temps de s'arrêter. En attendant, avec ce film qui s'est très bien vendu dans le monde entier à partir de sa sortie en janvier 1912, Max Linder a définitivement imprimé sa marque.

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Published by François Massarelli - dans Muet Comédie Max Linder