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6 février 2016 6 06 /02 /février /2016 18:12

Pour commencer, ce film parfaitement admirable est l'occasion de faire un petit rappel historique. Le studio de Leon Schlesinger était dans les années 30 un endroit très clairement hiérarchisé: les stars (Freleng, Jones) y faisaient des dessins animés en couleurs, sous l'appellation Merrie melodies. Les autres, les obscurs et sans-grade, y concoctaient sous le nom fourre-tout (et plutôt bien vu) de Looney tunes, des dessins animés en noir et blanc, avec le plus souvent un héros récurrent, l'ineffable Porky Pig. Seul Tex Avery jonglait sans aucun scrupule de la couleur au noir et blanc. Malgré tout, lorsqu'il a commencé à s'occuper en priorité des Merrie Melodies (C'est-à-dire lorsque Friz Freleng est momentanément parti du studio), il a laissé son unité noir et blanc à son ancien animateur Bob Clampett. Et celui-ci a donc pu faire un grand nombre de Porky Pig, tous plus inattendus les uns que les autres...

Mais d'une part, il l'a vraiment entièrement refaçonné, tant physiquement (Jusqu'à en faire le personnage qui est parfois encore utilisé aujourd'hui: moins porcin, rond, oui, mais pas obèse) que dans son personnage: Avery ne savait absolument pas quoi en faire, mais Clampett lui a donné une famille à géométrie variable, et l'a souvent utilisé comme un pendant de Mickey Mouse, donc propre à vivre tranquille à faire pousser des légumes en compagnie de son chien, autant que destiné à vivre des aventures délirantes: Porky in Egypt, ou ce plus étonnant film, donc, Porky in Wackyland...

Que Clampett soit un dingue, c'est évident. Le degré d'absurdité, de malpolitude, d'inventivité baroque et de sauvagerie burlesque de ses films, leurs contours élastiques (Les personnages en sont souvent distordus, et leurs traits ne sont jamais totalement fixés, les décors changent du tout au tout d'un plan sur l'autre), tout les rend joyeusement surréalistes... Et celui-ci l'est d'autant plus que c'était l'intention, justement. Porky y part en Afrique, à Wackyland (Qu'un titre Français traduit par Zinzinville, mais ce serait plutôt Cingléland), dans le but d'y mettre la main sur le dernier des dodos... Et va le trouver, mais au prix pour le spectateur d'une migraine violente. A ce stade de n'importe quoi, c'est d'un pinceau à cauchemar que Clampett a dirigé son film. Il y invente des créatures effrayantes, des situations absurdes, des bruits qu'on n'oserait pas inventer avec 42° de fièvre. Il dote son univers d'un décor à la Dali, et fait exploser toutes les barrières de l'espace filmique, et du bon goût... Un panneau à l'entrée de Wackyland prévient: It CAN happen here! ...Donc tout peut arriver, un avertissement pris par le metteur en scène au pied de la lettre.

...Bref, c'est un régal.

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Published by François Massarelli - dans Bob Clampett Animation Looney Tunes