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26 mars 2016 6 26 /03 /mars /2016 17:03

Versant positif: Le "Knight of cups", Chevalier de Coupes, est une figure de tarot dont la valeur divinatoire est essentielle au film de Malick: à l'endroit, il représente le changement, la nouveauté, et l'excitation ainsi produite. A l'envers, au contraire, il est indicateur du fait qu'une personne n'est pas fiable, voire totalement perdue, piégée dans un monde de tricherie et de faux semblants. Et justement, le septième film de Malick promène son style immuable (Et encore plus inchangé depuis la production de Tree of life, dont l'équipe est constamment réutilisée par le cinéaste depuis de film en film) dans Hollywood, à travers des anecdotes de la vie d'un scénariste, Rick, interprété par Christian Bale, au hasard des soirées, réunions de travail, fêtes délirantes à Los Angeles, et pérégrinations avec son frère, du moins celui qui a survécu: on apprend en effet que le troisième frère s'est suicidé, et ça a été le déclencheur de rapports difficiles avec leur père pour les deux garçons. Mais surtout, dans ce film, ce sont les femmes qui sont le sujet, six d'entre elles: les différentes maîtresses de Rick. L'ex-épouse, Cate Blanchett. Le top model à l'humeur solaire, Freida Pinto. La jeune rebelle un peu fofolle, Imogen Potts. La strip-teaseuse Australienne au grand coeur, Teresa Palmer. La jeune femme qui a laissé une ombre dans son passé, qui voulait un enfant mais lui n'en voulait pas (Natalie Portman), et enfin la jeune femme totalement libre, qui va l'aider à aller de l'avant... et le persuader de faire un enfant (Isabel Lucas).

Comme d'habitude finalement: on pourrait aisément reprocher à Malick, surtout après Tree of life, de tourner tous ses films de la même façon, en accumulant les scènes d'hommes qui marchent dans des décors sans cesse renouvelés, dissociant systématiquement image et une bande-son faite de musique et de voix off qui semblent plus poser de questions (...Who are you?) qu'autre chose. Mais voilà, c'est son style, et pour un cinéaste autrefois resté plus de vingt ans sans tourner, il y a depuis Tree of life une certaine productivité remarquable. Donc le cinéaste n'a sans doute pas envie de se remettre en question. Et du reste, ses films explorent, aussi les mêmes voies, avec des variantes: le lien profond, familial entre les êtres dans Tree of life, et son effet sur l'adulte. L'amour et la religion dans To the wonder (Avec un trop fort accent à mon goût sur le spirituel, mais là encore l'artiste est libre de ses choix) et cette fois la rapport d'un homme à ses échecs sentimentaux, à la lumière de ses doutes créatifs. Le fait, bien sur, que Christian Bale soit un auteur, et que Malick aime à signer ses films d'une formule qui renvoie plus à l'écrivain qu'au cinéaste (Written and directed by) ne doit évidemment pas nous échapper. Pour le reste, voici un film, un de plus, qui garde son mystère après la vision, qui garde aussi sa poésie, à laquelle on peut très bien ne pas être sensible, mais qui est profonde, réelle (Ces lieux où Malick va tourner!) et on sait qu'on y retournera de toute façon, car n'est-ce-pas, le cinéma est d'abord et avant tout une expérience. Et ça, Malick plus que tout autre l'a très bien compris.

Versant négatif: seulement, quand on s'en fout... on s'en fout!

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Published by François Massarelli - dans Terrence Malick On s'en fout