Ce film splendide est un classique, et en prime permet de renouveler de façon inattendue une des plus vieilles recettes des courts métrages de Bugs Bunny: la chasse au lapin. Lorsqu'il s'attelle avec le scénariste Michael Maltese à ce film, Jones n'a pas réalisé de film avec Elmer Fudd depuis Hare tonic en 1945, et n'a en réalité jamais fait un seul film dans lequel la dynamique chasseur/lapin était la base. C'est donc une grande première! Mais il choisit de tout casser d'emblée, en commençant le film par la vision du Hollywood Bowl, dans lequel on s'apprête à voir un opéra. Dans les collines environnantes, des bruits: des coups de feu retentissent, ils se rapprochent, et... Bugs poursuivi par Elmer se réfugie dans les coulisses. Puis le rideau se lève sur la scène pour une représentation du Barbier de Séville, et les deux protagonistes sont alors obligés de s'exécuter.
Stalling a donc repris l'ouverture du Barbier de Séville, mise en paroles par Maltese: c'est drôle, enlevé, mais ce n'est rien à coté de l'animation et des gags superbes qui émaillent le film. Fort bien construit sur un crescendo global, avec quelques pauses, il intègre l'absurde le plus loufoque, tout en obéissant à la loi du genre: mettez Elmer et Bugs dans un environnement aussi peu approprié, et le chasseur est forcément le perdant!