Aucun rapport avec le film du même titre réalisé par Leo McCarey avec une fratrie de bavards encombrants en 1933. Ce film revient de loin, très loin puisque il a été longtemps cru perdu, et avait acquis assez naturellement une stature excessive: les collectionneurs et fans de Laurel et Hardy du monde entier en faisaient le mythique "premier film" du duo. Et de fait, c'est bien le premier court métrage dans lequel les studios Roach ont décidé de tester la validité du duo entre Laurel et Hardy, même si ce n'est pas encore la dynamique qu'ils établiront quelques mois après.
Roach avait demandé un scénario à Laurel, dans le but de construire un film autour de l’acteur: s’inspirant d’un sketch écrit par son père, Laurel a donc inventé une improbable et impeccable histoire de maison squattée par des vagabonds, un corpulent autoritaire et un fluet déphasé . Roach envisageait de donner le rôle du premier à Syd Crossley, mais c’est Hardy qui en a hérité.
Le film est drôle, et joue à fond du décalage non seulement entre les deux héros-vagabonds, mais aussi entre eux et le reste de la distribution. Hardy, en faux noble désargenté, est splendide, et Laurel a encore un personnage à raffiner. Le futur Stanley émerge ça et là, dans des pleurnicheries, des gestes uniques. Et à un moment, il se déguise en bonne, qui va bien sur prendre le nom d'Agnes, le patronyme systématique emprunté par Laurel lorsqu'il doit se grimer ainsi. Bref, ce Duck Soup (ce titre provient d'une expression argotique de l'époque, qui voulait signaler la facilité d'une situation) prouvait que ces deux-là étaient faits l'un pour l'autre.