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16 avril 2016 6 16 /04 /avril /2016 11:58

It a obtenu un succès phénoménal, en cristallisant un concept fumeux, celui du 'It', justement, une façon de désigner le sex-appeal sans trop entrer dans les détails, qui avait été la grande trouvaille de l'auteure Elinor Glyn dans un livre qui serait probablement imbuvable aujourd'hui. La dame apparaît d'ailleurs dans le film, pour essayer de définir elle-même le principe, dans une scène inattendue mais assez plaisante. Mais bon, on s'en fout: on veut Clara Bow, et c'est sur elle que repose le film... Clarence Badger l'a bien compris, qui a bâti It autour d'elle... Nous sommes à la Paramount en 1927, et Badger, réalisateur de comédies passé chez Sennett, est à son aise dans un film qui a été planifié dans un gros, très gros studio. Mais il n'est sans doute pas seul, car parmi les gens qui ont travaillé sur ce film, on relève parfois le nom du réalisateur qui l'a commencé, avant de bifurquer vers le film Underworld: Josef Von Sternberg. Aucune trace, a priori, du style de "Von" dans ce film. C'est d'abord et avant tout une comédie virevoltante, comme sa star. 

Betty (Clara Bow) travaille dans le très grand magasin du père de Cyrus Waltham (Antonio Moreno). Celui-ci remplace actuellement son père à la direction et Betty, la petite vendeuse, est amoureuse de lui... Mais il ne la voit pas. Par contre, Monty, l'ami de celui-ci, un riche oisif (William Austin), l'a repérée, parce qu'il n'a que ça à faire, mais aussi parce qu'il est obsédé par le "It", et estime que la jeune vendeuse possède ce caractère essentiel. Il l'invite à déjeuner dans un restaurant de la bonne société, et là, c'est le miracle: une fois dans son élément, Cyrus aperçoit la jeune femme, et s'éprend d'elle. Mais il va y avoir des complications: d'un côté, la fiancée (Du meilleur monde) voit évidement d'un mauvais oeil la fréquentation entre son fiancé et une petite vendeuse; ensuite, celle-ci vit en compagnie d'une amie qui est fille-mère, et qui est menacée par les mères-la-vertu du coin de devoir abandonner son enfant tant qu'elle ne travaille pas, ce qui va pousser Betty à mentir en prétendant qu'elle est la mère; enfin, Cyrus va devoir comprendre que Betty n'est pas une fille facile, et que ses vues sur lui sont aussi légitimes que celles de la première pimbêche venue...

Le film est empreint de cette splendide technique à laquelle le cinéma Américain était parvenu en 1927. Dés le départ, la caméra nous embarque à sa suite, en nous plongeant d'un mouvement en avant au coeur de la ville moderne où se situe l'action. Et elle suit en particulier Clara Bow, dont le dynamisme et l'optimisme coloré donnent le la du film. Mais l'essentiel de ce film est dirigé dans le sens d'une évocation d'une structure de classe, à deux vitesses, dans laquelle Betty joue un peu le rôle du grain de sable... une scène (Typique du ton Paramount des années 1925-1934) le résume assez bien, en nous montrant comment deux femmes séparées par leur niveau social se préparent simultanément pour une soirée: d'un côté, la fiancée de Cyrus, Adela (Jacqueline Gadsen) se déshabille dans un dispositif de mise en scène sophistiqué, avec un fondu au moment ou sa chemise glisse de ses épaules; on passe à Betty, filmée en buste, qui laisse son amie poudrer son corps avant qu'elle n'enfile sa robe. Betty danse en riant... Le film a choisi son camp, et Betty, qui sera amenée avec la complicité de Monty à imiter les gens de a haute, va mettre un joyeux bazar là-dedans... Une scène résume bien le personnage de Betty: au début quand l'inutile (mais foncièrement sympathique) Monty tente sa chance, il propose à Betty de la raccompagner chez elle. Elle accepte à condition qu'il vienne avec elle dans "sa voiture", en désignant un tramway... Betty est modeste, mais affiche une belle énergie non seulement dans son travail, dans sa faculté à défendre son amie et par là-même sa classe, mais aussi pour défendre sa vertu. 

On peut se réjouir qu'une copie de ce film ait été retrouvée dans les années 60, car comme la plupart des films avec Clara Bow, il était perdu. Elle est lumineuse, et on comprend le succès de ce film... et de sa star, véritable résumé à elle toute seule du jazz age et de ses contradictions. A propos de contradictions, si le film accuse avec une certaine pertinence les bourgeois du film de se comporter de façon déplorable, en montrant un oisif obsédé par l'inutile quête du "It", il était inévitable que les publicistes en fassent un argument de vente du film! 

 

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Published by François Massarelli - dans Clara Bow Comédie Muet 1927 *