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Jeremiah Johnson (Robert Redford) se rend dans les montagnes de l'Utah encore sauvage, dans le but d'y vivre au jour le jour. Il va faire des rencontres, cocasses, dangereuses, ou mortelles. Au hasard d'une transaction, il va se marier, et même etre doté d'un fils inattendu. Mais il va aussi faire la connaissance de plusieurs tribus indiennes, les Crows, les Blackfeet et les Flatheads. Et au milieu de ces tribues antagonistes, il va se mettre en danger...
Retour à la nature, ce film est aussi la preuve que la nature peut être infernale. Elle est aussi splendide... Sydney Pollack n'a pas désiré choisir, et nous livre une vision qui ne peut être que lyrique, certes, mais elle l'est par les images. Dans ce conte de survie qui semble se dérouler à l'écart du temps, un homme est amené à vivre au jour le jour, par choix. On ne sait pas exactement d'où il vient, mais il porte une paire de pantalons marqués d'une bande jaune pale sur le côté: c'est l'armée de l'union. Et une des rares conversations qu'il tient durant le film nous montre qu'il a participé à la guerre contre le Mexique de 1846 à 1848. nous sommes donc devant une histoire située à peu près durant la première décennie des années 1850. L'Amérique n'est pas finie, et le territoire exploré par Johnson n'est colonisé sérieusement que depuis 1848 (Précisément depuis la fin de la guerre Américano-Mexicaine), suite à l'installation des Mormons à Salt Lake City en 1847... C'est la raison pour laquelle Johnson ne verra pas grand monde durant ses aventures.
Et pourtant, le film est avant tout une galerie de personnages, confrontés à Jeremiah Johnson, qui apprend vite, et évolue dans sa perception de cet univers qu'il s'est choisi. Les rencontres sont construites en miroir: après avoir pris le fusil d'un homme mort gelé (Qui lui ressemble terriblement, ce n'est absolument pas un hasard!), rencontre qui aurait du être tragique, mais devient presque cocasse grâce à un message posthume qui prouve qu'un homme, même mourant, a de l'humour, Jeremiah va rencontrer le vieux trappeur "Bear Claws" (Will Geer), qui va l'initier à la vie à la dure. Puis il tombe sur une femme devenue folle (Alyn Ann McLearie), qui est face aux cadavres de deux de ses enfants. Jeremiah recueille le troisième (Josh Albee) à sa demande, le garçon ne prononcera pas un seul mot du début à la fin... Ils font tous deux une rencontre assez étonnante: Del Gue (Stefan Gierasch) est un aventurier qui a rencontré une tribu de trop, mais comme il avait pris la sage précaution de se raser la tête au préalable, les Indiens l'ont laissé à mourir, enterré sauf pour sa tête qui dépasse... Johnson, le garçon et Del vont enfin rencontrer deux partis Indiens, les Black feet et les Flatheads. C'est chez ces derniers, qui parlent un excellent Français, que Johnson se retrouve marié... Après, la seule rencontre nouvelle sera celle d'une troupe de soldats venus pour une mission de secours. Après avoir apprécié le fait de pouvoir enfin reparler Anglais, son épouse ne le parlant pas, Johnson se débarrasse asse vite des militaires, avant de faire une découverte tragique... A partir de là, Johnson va rencontrer les mêmes personnages dans l'ordre inverse, avec des variantes...
Du début à la fin, littéralement, la présence fantomatique des Crows, les guerriers dangereux qui semblent régner sur la région, se fait sentir. Johnson semble savoir qu'ils seront la source d'ennuis, et va le découvrir d'une façon terrifiante. Mais c'est dans la logique de la situation qu'il a choisi en venant s'installer dans ces montagnes... Ca fait partie intégrante du bol d'air frais que propose le film, pour lequel Robert Redford a du donner beaucoup. Le résultat est, bien sur, superbe, conté de main de maître par un réalisateur au sommet de son art.