
Joe Wright déclarait, mi-embarrassé, mi-amusé, sur le commentaire audio de son long métrage Atonement (2007), à propos d'une scène spectaculaire tournée en un plan séquence qui devait sans doute représenter à elle seule la moitié du budget: "J'adore frimer"... On retrouve ce trait de caractère absolument essentiel dans sa discipline, avec son dernier film en date. Tentative de donner un contexte plausible à Peter Pan, en même temps que réappropriation et dépoussiérage du mythe créé par James Barrie, le film s'imposait-il?
Non, bien sur, même s'il ne mérite pas totalement les critiques sauvages dont il a été victime aux Etats-Unis (Où il a été un four gigantesque). A l'heure où Disney revisite ses classiques en les rendant, ahem, "réalistes", pourquoi ne pas les laisser se salir les mains? Pourquoi donner à voir un film dans lequel des enfants travaillent à la mine en chantant du Nirvana et les Ramones? Et pourquoi confier à des acteurs de talents des rôles qui ne leur permettront de briller que quelques secondes, comme ici Amanda Seyfried et Rooney Mara? Wright avait avec un certain talent osé s'attaquer à Tolstoï en donnant à Anna Karenina un traitement à la Marie-Antoinette, pourquoi pas? Mais la façon de le rendre en théâtre filmé, avec changement de décors apparents et chorégraphie jouait vraiment en la faveur du projet, qui donnait malgré tout la part belle aux acteurs. Ici, ce sont les effets spéciaux qui l'emportent, et une animation 3D... laide, comme d'habitude. Donc on regardera, on baillera de temps à autre, on lèvera un peu les yeux au ciel, et puis... on oubliera, fatalement.