Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

8 avril 2016 5 08 /04 /avril /2016 09:54

Un scientifique coincé sur Mars et tentant d'y survivre en attendant d'hypothétiques secours, c'est un défi de science-fiction qui sied particulièrement bien à Ridley Scott. On se rappelle de quelle façons le réalisateur a créé de toutes pièces des mondes cohérents, riches et fabuleux dans ses trois films de science-fiction précédents, surtout bien sur les deux premiers, Alien et Blade runner: pensés jusqu'au moindre détail, habités, et riches en ramifications. D'ailleurs Prometheus est une de ces ramifications... Mais The Martian est une nouvelle paire de manches, comme on dit, l'intrigue prenante devant y voisiner avec la rigueur scientifique, du moins dans l'esprit du grand public. La marge de manoeuvre en ces temps de vraisemblance sacrée, est assez étroite, et on sait que Ridley Scott ne s'embarrasse jamais trop de vraisemblance, préférant le plus souvent l'efficacité. Et pour ça, le film est en effet efficace! Mais il est plus que ça! Rappel des faits:

Lors d'une mission habitée sur Mars, les six astronautes sont pris dans une tempête de sable extrêmement violente. Durant l'évacuation, l'un d'entre eux, Mark Watney (Matt Damon), est emporté et sa combinaison est légèrement trouée. Les autres perdent sa trace, mais acceptent l'idée que selon toute vraisemblance il est mort. Ils partent donc pour un voyage de quatre années vers la terre, la mort dans l'âme. De son côté, Mark Watney a survécu, et après la tempête se réveille groggy, blessé, avec une fuite importante d'oxygène, mais vivant, après tout. Il va retourner à la base, et organiser sa survie: le but? reconstruire son univers pour y vivre quatre années avant l'arrivée hypothétique de la prochaine mission, créer les conditions de la culture durable de nourriture (Il est botaniste, et ça tombe bien, il y a des pommes de terre dans les réserves), et tenter de trouver un moyen de contacter la terre, qui pendant ce temps, a annoncé sa mort.

Matt Damon fait partie, à mon humble avis, de ces acteurs qui ne jouent jamais pour les Oscars. Il est fidèle à lui-même ici, et fait un travail fantastique. J'ai envie de dire qu'on n'en attendait pas moins, mais ça méritait d'être signalé une fois de plus. Son rôle n'est pas si éloigné de celui de Tom Hanks dans Cast away (2000) de Robert Zemeckis, à un certain nombre de nuances près: Dans Cast away, c'est d'une renaissance totale qu'il s'agit, et d'un retour spectaculaire d'un homme à la vie par ses propres moyens, alors que dans The martian, l'enjeu est pour Mark Watney d'utiliser toutes les ressources scientifiques à sa disposition en plus de son caractère personnel. Et bien sur, il s'agit plus de pousser l'humanité à regarder de son côté pour venir le sauver, que de trouver en lui-même les ressources presque mythiques d'assurer sa survie. A ce titre, le film n'a pas de dimension religieuse, ce qui est assez courant chez Ridley Scott, un athée convaincu. Une scène durant laquelle Watney manipule un crucifix nous apprend d'ailleurs qu'il est tout simplement à la recherche de matériau inflammable! Et la dimension humaniste du film ressort encore un peu plus: en ces temps de repli sur soi face aux menaces (Environnementales, terroristes, économiques, politiques), The Martian choisit de rappeler qu'être humain, c'est aussi pouvoir se mobiliser pour sauver une personne. Et le film nous montre comment la NASA va organiser les conditions du secours, comment certains dans cet organisme gouvernemental sérieux vont aller à l'encontre des principes, protocoles et autres ordres, pour sauver coûte que coûte le botaniste Watney. Et si la NASA ne suffit pas, pourquoi ne pas faire intervenir une agence Chinoise? Ainsi, c'est toute l'humanité qui attend la nouvelle du retour de Mark Watney.

Le film est non seulement formidablement prenant dans son intrigue qui ne vous lâche jamais en 150 minutes, avec son scientifique qui cache son désarroi en parlant à un écran (Ce dont nous profitons bien sur pleinement) et en multipliant les traits d'humour, mais en plus la façon dont l'esprit de débrouille se propage chez les terriens est elle aussi magistrale, avec les acteurs Jeff Daniels, Chiwetel Eijofor, Jessica Chastain et Michael Pena, tous impliqués dans cette rocambolesque aventure si délicieusement humaniste. Oubliez les commentaires politiques du moment, les gens qui vous disent qu'un pays "ne peut accueillir toute la misère du monde", ou que "les caisses sont vides", ou les inquiétants penseurs qui préconisent une inégalité de traitement afin de rétablir les économies: ce film vous rappelle que l'humain est un animal capable de se mobiliser pour son prochain, sans que le film ne débouche jamais sur la démonstration lénifiante ou dégoulinante..

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Ridley Scott Science-fiction