On ne sait plus... Au début de l'arrivée massive des films Marvel, on se réjouissait d'un ton différent, d'idées novatrices, et puis le ton libéré est devenu routinier, systématique, ronronnant. Et la concurrence (Interne, ou du moins partiellement, voir plus bas) avec la saga X-Men a viré au n'importe quoi. Par exemple, les Gardiens de la galaxie, film d'une nullité abyssale, et supposé être décalé (Quand un film ne ressemble à rien à cause de son je-m'en-foutisme, dites qu'il est décalé, c'est vendeur!), n'est rien qu'une tentative de donner l'impression à un public pauvre en esprit et habituer à zapper très vite sur la tévélision entre deux jeux vidéos qu'on pense à eux. C'est à ce stade qu'arrive Deadpool, qui pour l'instant et en l'absence de suite, séquelle ou autres dérivé, est pour l'instant un OFNI fort intrigant et stimulant.
Mais rappelons les faits: Marvel n'est pas un studio, mais une organisation (Comme Miramax, ou New Line) qui met en relation les major companies et des équipes, le tout autour d'un concept: l'exploitation du fonds des bandes dessinées Marvel. On compte en gros trois viviers, distincts les uns des autres par les contrats de distribution, et le public visé. D'un côté, on a la saga Spiderman, née d'un contrat entre Marvel et Columbia/Sony, qui a été exploitée dans les trois films de Sam Raimi, et une resucée à la réputation pas très glorieuse sur laquelle ne l'ayant pas vue, je n'ai absolument rien à dire d'autre... Puis, la Fox a exploité un filon jeune public, avec Les Quatre Fantastiques d'un côté (On peut s'abstenir), et X-men, sous la houlette de Bryan Singer, d'autre part; certains films sont bons; Il y a eu quelques spin-offs, avec Wolverine. Enfin, Marvel s'est allié avec Disney pour Iron man, Captain America, Hulk, Thor et bien sur The Avengers. C'est la partie la plus connue, la plus active, la plus prolifique de l'iceberg, et il y a aussi une extension télévisée bienvenue, autour de Agents of S.H.I.E.L.D., et l'excellente série de Louis Esposito (Hélas abandonnée aux dernières nouvelles) Agent Carter. N'ayant pas que ça à faire, je laisse de côté l'insupportable navet des Gardiens de la galaxie, qui tendent à donner un gout amer à l'ensemble de la potion Marvel ces derniers temps: en panne d'inspiration, les créateurs de tout le paquet se replient sur le supposé mauvais esprit.
Deadpool est une émanation de X-men, auquel il est fait allusion, mais cette fois, Tim Miller et son équipe ont décidé de jouer la carte de la fiction pour adultes, avec un héros sans restrictions. Sexe, violence, morale plus qu'élastique, et gros mots s'enchaînent, et la surprise, c'est que c'est réjouissant. Oui, oui, réjouissant: en gros, en très gros, Deadpool (Ryan Reynolds) est un petit gangster amoureux (De Morena Baccarin, on ne peut donc pas lui en vouloir), mais atteint d'un cancer en phase terminale, qui a quitté sa petite amie pour rejoindre un laboratoire qui lui promet d'expérimenter sur lui, de manière à le sauver... et se voit transformer en mutant par des sadiques. Dont il va vouloir se venger, ce qui va être l'essentiel de sa quête. Pas de justice à trouver, ce qui peine les deux X-men (Et women) dépéchés pour l'attirer vers le droit chemin... Et Deadpool, invincible mais assez colérique, enchaîne massacre sur massacre en sortant des bons mots à la mitrailleuse.
Et le film est une permanente corrida de mauvais esprit, mais jeté en pâture au milieu d'un bric-à-brac de narration à la première personne par un héros tellement rigolo qu'il souligne en permanence l'existence d'une complicité avec son public, et adopte une narration à la Scorsese, la dimension morale en moins. C'est drôle, parfois un peu longuet, ça n'a pas d'autre prétention que celle de nous faire rire.
mais la réalité nous rattrapera certainement: à un moment ou un autre, il va nous falloir supporter... une suite. Comme pour Kingsman, en fait: on n'a pas envie, enfin moi du moins. Ce qui fait la force de ces films, c'est leur unicité, donc... Profitons-en tant que ce Deadpool rigolo est unique.