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16 mai 2016 1 16 /05 /mai /2016 17:16

A l'origine de ce film, une bande dessinée (On dit chez les américains "Roman graphique", ça fait plus sérieux. Ca reste de la bande dessinée, après tout) de Eddie Campbell (Dessin) et Alan Moore (Script), parue en 2000. L'oeuvre est ambitieuse, énorme, et très documentée. Le but est de recréer l'ambiance de Londres en 1888, au moment des meurtres de Jack the ripper. En s'inspirant de nombreuses légendes urbaines, de faits de l'instruction, de divers faits connus depuis, Moore crée une hypothèse tirée par les cheveux mais liée à suffisamment de vérités pour tenir à peu près la route... Il recrée les lieux, les circonstances, mais aussi les personnages des prostituées, de certains membres de la police, du médecin personnel de la reine... IL nous intéresse surtout à Frederick Abberline (1843 - 1929), l'inspecteur chargé de l'affaire. Dans la bande dessinée, c'est un homme partagé entre une morale à part (Ce n'est pas un Victorien comme les autres, il est nettement plus ouvert d'esprit) et des complexes: il se trouve légèrement trop gros, et est ignoré par ses supérieurs. Il a une sympathie évidente pour la prostituée Mary Kelly... Dans le livre, la franc-maçonnerie prend toute la place au point de rendre certains passages illisibles.

Le film reprend un certain nombre d'éléments, mais simplifie tout. Pas étonnant qu'Alan Moore ait été très virulent à son égard. D'un autre côté, Alan Moore est de toute façon contre toute adaptation de son oeuvre... On est partagé devant un film qui reste très caricatural dans sa vision de l'Angleterre Victorienne, qui réduit le rôle tortueux de la Franc-Maçonnerie dans l'affaire à un saupoudrage ésotérique, et qui malgré tout n'oublie pas ses deux missions: d'une part, montrer l'état des lieux de ce qu'on sait de l'affaire: à ce niveau, le film est instructif (Il faut juste laisser de côté cette rocambolesque histoire de mariage secret entre le prince Albert et une prostituée, qui en plus laisse de côté la personnalité complexe du Prince), et graphiquement sait utiliser les sources. D'autre part, faire un film horrifique. Si possible en citant ses classiques, ce qu'il fait à plusieurs reprises: Nosferatu est de la partie, par exemple.

Le cinéma est arrivé à une capacité de recréation du passé qui est mise à profit ici de façon gourmande et un peu écervelée, comme ce serait le cas dans un de ces abominables jeux vidéos qui déforment l'histoire avec une inconscience phénoménale...

Le Frederick Abberline du film, quant à lui, n'a plus grand chose à voir ni avec le vrai, ni avec la version fictive de la bande dessinée: dans le film, il comprend tout, voit tout et anticipe tout. Marginal, veuf, traumatisé, il s'adonne à l'opium, l'absinthe et au laudanum, et il voit les meurtres dans des visions. Et puis quoi encore? Le vrai avait de l'intelligence, mais la bande dessinée le voyait se planter complètement, aveuglé par ses préjugés qu'on hésite à considérer comme "de classe"...

Pour le reste, Johnny Depp fait du Johnny Depp. Bref, ce n'est pas un acteur terrible.

 

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Published by François Massarelli - dans Le coin du bizarre