
Un deuxième film adapté de l'oeuvre de John Green, l'auteur adulé de quatre romans attachants, qui ont tous fait un carton en librairie... Carton du reste justifié. L'écrivain, très actif sur la toile, a dores et déjà pris les devants, et s'occupe de superviser le devenir cinématographique de ses livres, on n'est après tout jamais si bien servi que par soi-même... Difficile ici de retrouver la relative réussite de The fault in our stars, avec ce qui reste pour moi le moins bon des quatre romans, le troisième, dont le titre a été lourdement traduit par La face cachée de Margo... Il concerne l'histoire d'un ado arrivé à une période importante pour tout américain, celle d'un rite de passage primordial, le prom. C'est la fin du lycée, pour certains, la fin symbolique de l'enfance, et cette grande occasion festive est aussi le moment ou on va laisser libre cours à son romantisme pour les uns, sa libido pour les autres... Mais Quentin (Nate Wolff) s'en fout: il est considéré comme un loser par ses camarades, et ne cherche pas d'autre compagnie que celle de deux de ses amis aussi mal vus que lui. La faute en incombe à sa jolie voisine, dont il est amoureux depuis 11 ans; un jour, leur complicité s'est soudainement effacée, et elle est devenue une jeune fille ultra populaire, et l'a ignoré pendant de nombreuses années. Jusqu'au jour, ou plutôt la nuit, ou Quentin a vu Margo (Cara Delevingne) s'introduire dans sa chambre en pleine nuit pour lui demander de l'aide dans une mission de vengeance sur ses amis qui l'ont trahie. Quentin voit l'espoir renaître, pour apprendre le lendemain que Margo a disparu. A quelques jours du bal, Quentin demande à son tour à ses amis de l'aider à la retrouver, car Margo n'est pas du genre à disparaître sans laisser des indices...
D'aucuns diront que c'est un fond de commerce, mais on retrouve ici une intrigue à la Green: il y est souvent question de "celle qu'on n'a pas eue", avec une large dose d'excentricité parfois embarrassante du personnage principal, due à la frustration justement. Green prend pour héros des laissés pour compte qui vont à leur façon accomplir les rites de passage qui semblent si faciles pour les autres, les "normaux", mais en les distordant un peu. Mais ce qui passe bien dans les romans est parfois embarrassant en raison d'un calibrage intensif, avec moments musicaux mal foutus, et des acteurs... adéquats, sans plus, pour la plupart d'entre eux. On y perd en poésie, et aussi on y perd en crédibilité puisque l'une des actrices, au nom par ailleurs imprononçable, est insupportable. Le problème c'est qu'elle joue Margo.