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8 juin 2016 3 08 /06 /juin /2016 15:29

Le premier long métrage de Laurel et Hardy est sorti en aout 1931. Il a été conçu sur une période relativement longue (le script a été commencé en mai 1930, et les dernières prises de vue datent de décembre 1930), a fait l’objet d’un travail prudent, qui a bénéficié de l’attention concentrée de tous ceux qui y ont participé, de Laurel & Hardy eux-mêmes, mais surtout Laurel, à Hal Roach, en passant par le metteur en scène, James Parrott, qui ne fera aucun autre long métrage avec le duo. Il faut dire que depuis Why worry, en 1923, Roach n’avait pas produit de long métrage comique, ayant laissé Lloyd faire cavalier seul justement afin de continuer à se concentrer sur les courts métrages, la véritable spécialité du studio; c’est dire si ce film est important: de son succès va découler l’avenir du studio.

La réticence de Roach à produire des longs métrages s’explique par le fait qu’à l’époque peu de comédiens ont réellement percé dans le format, à part Chaplin. Mais même Chaplin, à ce moment, a considérablement ralenti ses activités. En 1931 Lloyd s’apprête à descendre lentement mais surement aux enfers du film médiocre, puis à disparaître. Keaton, depuis The general et son semi-échec (Public, s’entend), est lessivé, et ses films MGM ne sont pas à la hauteur de sa réputation. Quant à Langdon, ses 6 films indépendants réalisés pour la First National l’ont coulé. L’analyse de Roach (et Laurel) peut donc raisonnablement s’expliquer une fois rappelé ce contexte. Pourtant, si il ne s’agit ni d’un grand film, ni d’un grand Laurel et Hardy, Pardon us est bougrement sympathique. D’une part, il repose sur une situation qui leur sied bien, avec nos compères qui vont en prison, pour avoir ingénument vendu le produit de leur distillerie clandestine, et se retrouvent au milieu de la jungle des bagnes, deux enfants parmi les loups. D'autre part, il recycle intelligemment quelques situations bien menées, dont le problème de dentisterie de Leave’em laughing, sans le recours à du gaz hilarant ; sinon, il recycle aussi par le biais de la parodie les passages obligés du film de 1930 Big House, ainsi que son décor. Il y a aussi du neuf, en particulier un running gag à la fois ultra-primitif et totalement hilarant: Laurel a donc un problème de dent, qui le fait siffler fort malencontreusement à chaque parole qu’il prononce, mais c’est tellement évident que Laurel force le bruit (Vraiment grossier) que cela ajoute une bonne pincée de second degré à l’ensemble.

Le principal défaut du film, c’est probablement le fait que, suite à l’indécision qui a parfois présidé à son élaboration (le mois entier de re-takes en témoigne), certaines scènes s’intègrent mal à l’ensemble, ou sont trop longues : le passage ou Laurel et Hardy, en blackface, s’intègrent à un groupe de travailleurs noirs dans le sud, sent l’esclavagisme à plein nez. D'autres scènes, aujourd'hui réintégrées, ont été retirées du montage final à sa sortie en 1931 : le final, au cours duquel Laurel et Hardy sauvent héroïquement la fille du directeur de la prison d’un destin fatal (Se faire violer par Walter Long) et d’un incendie n’était peut-être pas très dans la norme du duo, elle a pourtant été réintégrée dans les copies actuellement disponibles. Et le film a été un succès, changeant pour toujours la destinée du duo...

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Published by François Massarelli - dans Laurel & Hardy Comédie James Parrott