Suite à une déconvenue amoureuse qui tient plus de la manipulation que du drame, Miquette veut faire du théâtre, et flanquée d'une mère plus délurée qu'elle, et d'un vieux marquis qui a des vues sur elle, elle intègre une troupe de comédiens miteux et sans scrupules menés par rien moins que Louis Jouvet, poursuivie par un fiancé plus benêt que possible...
Curiosité qui dépare dans le monde noir de Clouzot, cette petite comédie adaptée d'une vieille pièce éculée du début du 20e siècle est sauvée de ce qui aurait pu être un naufrage par la verve de Clouzot, qui s'est plu à souligner la dimension théâtrale en poussant les acteurs à s'adresser au public en permanence, ou par les gags inattendus (Intertitres intempestifs, représentation théâtrale piratée par le contexte des coulisses...). Tout en étant une comédie burlesque, un genre auquel décidément on ne l'attend pas, le metteur en scène s'est plu à caricaturer la mentalité fin de siècle, avec une verve rare.
C'est drôle, frais, enjoué, sans prétention, et pour une fois il faudrait être bien malintentionné pour y voir la moindre critique sociale, même si c'est bien un film d'Henri-Georges Clouzot. Saturnin Fabre en vieux coquin, Bourvil en jeune andouille (Le mot est effectivement prononcé), Louis Jouvet en acteur de seconde zone, sûr de son génie bien entendu, et Danièle Delorme en ingénue sont splendides. Et le dernier acte, qui se déroule à la fois sur scène et dans les coulisses, est étourdissant.