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30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 21:42

On connaît mal Korda aujourd'hui: capable du pire (Marius), du très quelconque (je suis désolé, mais... ses films d'aventures en couleurs des années 39-40 m'ont toujours fait bailler) comme du très surprenant, il avait une obsession, exprimée dès sa carrière en Autriche, en concurrence avec l'autre Hongrois Mihaly Kertesz, futur Michael Curtiz: explorer l'intimité de l'humanité à travers ses grands hommes ou femmes... Ce qu'il allait souvent faire, tant au poste de réalisateur, qu'à celui de producteur (Pour le film Catherine the great, d'un autre émigré: Paul Czinner).

Le premier des films de Korda consacrés à des grandes figures ne correspond pas à l'idée qu'on se fait aujourd'hui d'un biopic-hagiographie tel qu'un Richard Attenborough peut en tourner (Chaplin, Gandhi...). Au contraire, Korda, avec la complicité de Charles Laughton, nous montre un homme qui, au lieu de fuir le statut d'être humain au profit de celui de demi-Dieu, se rapproche de plus en plus du sol, et réussit à s'humaniser réellement; un tour de force, lorsqu'on constate que le point de départ du film est l'exécution d'Anne Boleyn (Merle Oberon), pion sacrifié sans ménagement par Henry (Charles Laughton) au nom de la raison d'état, et remplacée dans la minute qui suit le décollement de sa jolie tête, par une fiancée plus accommodante.

Et même après ça, Laughton en Henry VIII réussit à nous être sympathique, gros poupon dont on satisfait le moindre des caprices. Deux scènes magnifiques par ailleurs: la déclaration d'amour inattendue et émouvante à Katherine Howard, et la nuit de noces avec Anne de Cleves (Elsa Lanchester, mrs Laughton): les deux tourtereaux (Lui Quasimodo, elle Carabosse) abandonnent toute prétention au frivole, conviennent en toute amitié d'un divorce, et se lancent dans une belote...

Korda accomplit un miracle de chronique historique qui est aussi une comédie, entièrement suspendue aux caractères qui nous sont montrés, et qui rendent toutes ces exactions, exécutions, décisions douteuses prises pour raison d'état, adultères voire baffreries (Laughton, Laughton!) tellement humaines... 

 

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Published by François Massarelli - dans Alexander Korda Comédie Criterion