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20 juillet 2016 3 20 /07 /juillet /2016 16:32

Ce film est une preuve supplémentaire du fait qu'il faut se garder de sous-estimer la carrière de Curtiz après son départ de la Warner; La période "free-lance" qui commence avec The egyptian et s'achève avec The comancheros et la mort du réalisateur est en effet riche et même si quelques films ne valent pas grand chose (A breath of scandal, St Francis of Assisi), on y trouve quelques joyaux... Dont cet impeccable western.

Tout commence par l'arrivée du "proud rebel" à Aberdeen, une petite ville, L'homme est un ancien soldat Sudiste, et il va dans le Nord pour oublier. Il est accompagné de son fils, devenu muet pendant la guerre suite à un traumatisme, et sinon ils ont un cheval et un chien. Le but de Chandler (Allan Ladd) est de se rendre dans le Minnesota pour y dénicher un docteur qui rendra la parole à son fils. Celui-ci, David (David Ladd) pourtant semble s'accommoder de son handicap, et a développé une solide amitié avec son chien Lance, qu'il a d'ailleurs dressé avec succès. Du coup l'animal devient un objet de convoitise, en particulier pour deux bergers qui tentent de le voler. dans l'altercation qui suivra, Chandler n'aura pas le dessus, et devra en prime, à cause de l'hostilité de la population à son égard, passer en jugement. Linett (Olivia De Havilland), une femme qui vit seule, un peu à l'écart de la ville, et qui a pris David en affection, se propose de payer la caution de John Chandler en échange d'un peu de travail. Mais le séjour de l'homme et de son fils ne sera pas de tout repos: non seulement il s'avère que le prix d'une opération de la dernière chance pour David est très cher, mais la lutte avec les voisins, les éleveurs de moutons rencontrés au début, sera âpre...

Le "rebel" du titre est un "reb", un ancien Sudiste qui a participé à ce que le Nord a appelé "civil war", et le Sud "Guerre de rébellion"... Et de fait, dans ce film comme toujours Allan Ladd incarne un homme fier, campé sur ses principes, en butte à la folie humaine et pas spécialement un rigolo. le contraste avec la bonté chaleureuse de Linett ne dure pas longtemps, on se doute que ces deux-là sont faits l'un pour l'autre et qu'ils se sont trouvés. Mais le film n'est pas que l'histoire d'un amour tardif et poétique, c'est aussi une étude de l'éternelle violence des pionniers, y compris dans une ville pacifiée, établie et dont les affaires marchent rondement. on y dénombre des éleveurs, des agriculteurs, et un roche éleveur de chiens. il y a aussi un docteur, un quaker qui va beaucoup aider John pour tenter une opération... mais en dépit de ces gages de civilisation, Curtiz nous montre les hommes en proie à la lutte pour la terre, des bergers faisant exprès de faire brouter leurs bêtes sur la terre des agriculteurs, pour affirmer leur puissance et les faire dégager... Des gens qui assènent, du hait de leur suffisance, que "tout s'achète, si le prix est le bon" avant de perdre bêtement ce qu'ils ont acheté au jeu. Au milieu de tout ça, John Chandler, gentleman sudiste qui a tout perdu sauf l'honneur, apporte justement un souffle de vraie civilisation à Linett, qui redevient une femme grâce à sa présence... Allan Ladd est fidèle sa légende, à l'austérité de Shane, mais il est aussi, avec ses illusions perdues et sa volonté de survivre à l'abri des autres, et des conflits, un héros Curtizien, un homme revenu de tout qui va apprendre en bon Américain à s'impliquer un peu au moment opportun...

Le film est délibérément chargé en émotions, non seulement par le truchement d'Allan ladd, qui a beaucoup à gagner dans cette aventure, lui qui est décidément très mal vu (On l'appelle "Le reb" partout où il va), mais aussi par le biais de David Ladd, qui est absolument parfait. Je n'ai pas besoin de dire qu'Olivia De Havilland est formidable dans un rôle qui lui fait assumer son âge avec panache, mais ce qui est aussi très frappant dans le film, c'est la façon dont, dans une superbe scène d'une grande cruauté, le metteur en scène adopte le point de vue... du chien. Superbe film quoi qu'il en soit.

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Published by François Massarelli - dans Michael Curtiz Western Olivia de Havilland