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  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
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30 juillet 2016 6 30 /07 /juillet /2016 21:51

Le cinéma de Bruno Dumont, ce sont des moments contemplatifs, qui ont la particularité de ne rien contempler, de ne rien donner à contempler. On l'a vu filmant des acteurs non-professionnels dans La vie de Jésus, ou L'humanité, ses deux premiers films, et les poussant à ne pas jouer, mais parfois simplement être... Choisis parce qu'ils étaient ce qu'ils étaient, justement.

Ici, il passe à la vitesse supérieure et met en scène un couple qui s'aime sur une route touristique de l'ouest Américain: Voiture, pompe à essence, faire du sexe dans la montagne, retourner à la voiture.... Puis faire du sexe dans la piscine d'un motel, faire du sexe sur le lit... Une séquence fascinante les montre faire deux KM à pieds pour aller acheter du polish dans un drugstore, en temps réel. A la fin, les deux touristes (Un américain et une Bulgaro-Serbo-Polono-française) se font agresser et lui se fait même violer sous le regard de sa copine, et on est prié de regarder, longuement, péniblement, parce que c'est le sujet, justement: Bruno Dumont admet avoir eu l'idée de ce film comme un plan b, après avoir fini les repérages aux Etats-Unis en compagnie de sa petite amie, pour un film qui est finalement tombé à l'eau. Que le film retrace le périple de gens décalés qui ne vont nulle part tout en se rendant partout prend donc tout son sens...

Je pense que les acteurs jouent mal, et dans deux langues: le Français (Aucun des deux ne le maitrise voire ne le comprend), et l'Anglais. Mais ce qu'il en sort, c'est bien sûr cette impression qu'on ne va nulle part, alors autant regarder... Et ce qu'on voit, c'est un retour méthodique, systématique, à l'état animal: je me suis souvent demandé comment il se faisait que les personnages de Dumont (qui ont une vie sexuelle visiblement active) ne se livraient jamais à des préliminaires, eh bien ce film donne un élément de réponse: cette absence de sophistication dans l'acte sexuel les renvoie à leur animalité et c'est le processus qui va faire régresser l'homme (au détriment de sa compagne comme on le verra à la fin) vers la condition d'un animal qui nous est contée par le menu: nudité, langage de moins en moins pertinent, brutalité, viol, et finalement meurtre.

En attendant, Yekaterina Golubeva est bien meilleure que dans POLA X, de Leos Carax; son rôle, une fois de plus, situe le plus souvent la caméra au plus près de son corps dénudé, mais elle réussit à porter ses doutes et son envie de faire fonctionner un couple qui bat de l'aile. Elle n'est pas aidée par son partenaire, mais on le verra, celui-ci a la mission d'incarner ce glissement vers l'inhumain (pour reprendre l'expression du commandant Van Der Weyden)... 

Quand même, loin des Flandres, il se passe des choses pas très catholiques: je termine en précisant que si on peut faire tenir l'importance d'un film dans ses cinq dernières minutes alors ce serait un chef d'oeuvre du cinéma d'horreur. Mais il y a 105 minutes avant d'y arriver, et donc, vous pouvez soit voir plus haut soit profiter du résumé suivant: voiture, sexe, pipi, voiture, motel, sexe, télévision, engueulade, voiture, montagne, sexe, caca, viol, mort. Ouf!

 

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Published by François Massarelli - dans Zizi panpan Bruno Dumont Mettons-nous tous tout nus