Il y a trois façons de traiter ce film, qui conte les aventures symboliques de Zed (Jack Black) et Oh (Michael Cera - L'un et l'autre ont un nom qui les rapproche de zéro): ces deux sous-doués sont des cro-magnons, l'un est un chasseur (nul), et l'autre, bien que surdoué, est un cueilleur, c'es à dire un minable, dont la principale préoccupation est de perdre sa virginité. le jour ou Zed goûte au fruit défendu (Une pomme lumineuse), tout devient pire qu'avant, et les deux hommes, bannis, vont traverser les champs de la connaissance en croisant un certain nombre de héros et d'anecdotes bibliques sans aucun sens de la chronologie.
Première façon: la fantaisie préhistorique décalée et anachronique, avec peaux de bêtes, est un classique de la comédie burlesque: Chaplin, Keaton, Lloyd, Snub Pollard, Laurel & Hardy, tous s'y sont aventurés, avec plus ou moins de bonheur, et le meilleur, c'est forcément Keaton dans The Three ages, en 1923. Dans son genre, RRRRRrrrrrrrr est un passage intéressant aussi. Par contre, rien à dire sur Year one. Deuxième façon: Jack Black et Michael cera sont deux acteurs spécialisés dans la comédie. L'un est même une star à part entière, qu'on a vu dans tout un tas de films, dont Dead Man Walking (Tim Robbins, 1995), King Kong (Peter Jackson, 2005), ou Be kind, rewind (Michel Gondry, 2008): des films exigeants, pas forcément tous drôles, et il y était parfait. Michael Cera, c'est l'inoubliable "partenaire" de Ellen Page/Juno, dans le film du même nom de Jason Reitman (2007): une merveille. Bref, ces deux acteurs populaires ont bien le droit de s'octroyer un nanar pour changer. C'est fait: il s'appelle Year One. Troisième façon: Avec Groundhog days (1993) et Multiplicity (1996), mais aussi avec Analyse this (1999), Harold Ramis, ancien acteur (Ghostbusters) s'est trouvé un terrain de prédilection: la comédie sophistiquée. Sa spécialité, c'est le décalage comique apporté par le fantastique: un jour qui recommence sans raison valable dans Groundhog days, le clonage en trois minutes dans Multiplicity (Avec Michael Keaton, Michael Keaton, Michael Keaton, et Michael Keaton), l'apparition du diable (Liz Hurley) dans le décevant Bedazzled (2000), etc. Ici, on a un peu de fantastique, si on considère que les anachronismes (Cro-magnon rencontrant Cain et Abel, Abraham, et la ville de Sodome) sont aussi nombreux que les bonnes raisons de ne pas aller voir le film.