A en croire les historiens du cinéma, c'est en voyant ce film que Georg Wilhelm Pabst eut la révélation de sa vie, et décidé d'engager sur-le-champ Louise Brooks; peut-être fut-il étonné de sa réponse positive mais le fait est que les studios (Et bien sûr la Paramount, maison-mère de l'actrice), ne savaient pas quoi faire d'elle, et c'est beaucoup plus d'un statut de starlette qu'elle disposait, d'autant qu'elle est ici détachée de son studio, et prêtée à la Fox, pour interpréter, eh bien, pas grand chose de plus qu'une plante verte... Tout ceci étant rappelé, non pour être désagréable, mais bien pour tenter de remettre les pendules à l'heure: Brooks, aujourd'hui adulée à juste titre par une poignée de dingos de par le monde, n'était absolument pas une star interplanétaire à l'heure de ses plus grandes contributions au cinéma, un art dans lequel elle n'a presque jamais vraiment percé...
Cela étant dit, les vraies vedettes de A girl in every port, ce sont bien sur les deux acteurs qui en interprètent les héros: Victor McLaglen est 'interprète de "Spike" Madden, un marin qui se satisfait d'une situation intéressante: il a, selon l'expression consacrée, "une fille dans chaque port", à Amsterdam, Rio, Mexico... Sauf que d'une part, le temps passe, et certaines se sont mariées et ont eu des enfants, ce qui n'arrange pas ses affaires. Et d'autre part, partout où il va, il se rend compte qu'il partage ses conquêtes avec un mystérieux marin, un serial dragueur, le nommé Salami (Robert Armstrong). Lors d'une bagarre, les deux fraternisent, sympathisent, et deviennent les meilleurs amis du monde. Entre alors en scène Marie (Louise Brooks), une Américaine exilée à Marseille. Spike tombe fou amoureux, et envisage de s'installer avec elle une bonne fois pour toutes, mais Salami qui connaît déjà la jeune femme sait qu'elle en a après son argent. Comment le lui dire?
C'est une comédie, qui naît de l'immense popularité de McLaglen et de ses personnages d'aventurier bourru, suite à l'immense succès de What price glory? (1926) de Raoul Walsh. D'une certaine façon, le jeune Howard Hawks, qui avait tourné une poignée de films pour la Fox, avait pour mission de faire bouillir la marmite, ce qui permettait à William Fox de financer ses projets dispendieux et artistiques: pour un Fazil, un Paid to love, combien de mètres de pellicule de Sunrise, ou de Street angel? Le pari de Fox, c'était de faire cohabiter un cinéma d'auteur exigeant et prestigieux dont il pensait qu'il finirait par payer, et un cinéma populaire et distinctif, soit différent de celui de la MGM, de la Paramount ou de la Warner... Il a perdu, et c'est dommage, mais il n'en reste pas moins que face à ce film, on est plutôt mitigé... Du reste, son (Désormais) principal argument de vente n'arrive qu'en deuxième moitié, et on reste bien fermement ancré dans la convention. C'est un flm d'hommes, qui fait passer la camaraderie entre marins avant tout, comme Hawks le fera pour les aviateurs, les gangsters, les cow-boys... On s'y saoule, on y bourre les pifs. Ca détend!