Betty (Balfour) est une enfant de riche, Américaine et gâtée, qui ne se refuse aucun caprice. Mais son père (Gordon Harker), de plus en plus irrité par les frasques de sa fille, commence à trouver qu'elle exagère, et pas qu'un peu. Entre deux bouffées de gros cigare, il décide de tenter de la freiner un peu. Alors que la jeune femme vient de s'illustrer en rejoignant son petit ami parti en croisière, grâce à un avion (qu'elle a coulé!), elle apprend que son père lui impose désormais de vivre par ses propres moyens...
"C'est probablement ce qu'il y a de plus bas dans ma production", disait Hitchcock selon Françoitrufo de son huitième film. Il avait l'impression qu'il sortait de nulle part, n'allait nulle part, mais si c'est loin de faire partie du meilleur de son oeuvre, je le trouve injuste. C'est après tout une comédie sans prétention, dans laquelle le metteur en scène semble remplir avec brio son contrat, à savoir se moquer des séquelles du "jazz age" qui en cette fin des années 20, finissait par débarquer en Europe. Et il le fait avec style, en utilisant comme toujours sa mise en scène avec bonheur. Il fait feu de tout bois, et s'amuse même à placer une petite énigme, autant pour Betty que pour le spectateur: qui est cet étrange bourgeois qui envahit peu à peu la vie de Betty, et la regarde en permanence du coin de l'oeil? D'ailleurs, c'est, en écho au titre, une image récurrente, qui montre le point de vue du bonhomme à travers un verre qu'il est en train de vider...
Pour le reste, Betty Balfour, vedette imposée à Hitchcock, est honnête, même si on soupçonne que l'actrice Anglaise était sans doute plus à l'aise, avec sa gouaille, pour incarner ces jeunes femmes qui travaillent, figures populaires de l'écran Britannique, et qu'Hitchcock savait si bien nous montrer.
Incidemment, on vient d'apprendre avec la fin des travaux de restauration des films muets d'Hitchcock, que les copies disponibles de Champagne sont toutes issues du deuxième négatif, et ne représentent pas exactement le montage souhaité à l'époque. Evidemment, on pourra toujours dire qu'au moins on dispose du film, et on en a sauvegardé un négatif, fut-il de second choix.