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8 août 2016 1 08 /08 /août /2016 09:47

Le film commence par une plongée dans l'univers qu'on ne quittera jamais vraiment: un port d'Amérique centrale, Barranca, où deux hommes sont venus voir les femmes de passage qui sortent du bateau pour une escale. Ils s'attendent à voir débarquer des danseuses de revues, proies faciles, et se retrouvent flanqués d'une pianiste, Bonnie Lee (Jean Arthur). Elle accepte de venir prendre un whisky avec eux, et se retrouve dans un établissement qui est également le QG d'une petite compagnie de transport aérien. L'un des deux hommes est rappelé à l'ordre par son patron, Geoff Carter (Cary Grant): il doit partir aussitôt pour une mission de transport dangereuse. Il prend un avion, et quelques minutes après se tue. Bonnie, fascinée, regarde sans comprendre les camarades du défunt se murer dans une ambiance bon enfant, comme s'il ne s'était rien passé... Elle ne le sait pas encore, mais elle n'est pas prête de partir...

Ce n'est pas le premier film de Hawks sur l'aviation, et ce n'est pas non plus son dernier film dans lequel il montre tous les aspects de l'homme au travail... Mais c'est l'un des plus beaux, et des meilleurs! La façon dont l'histoire nous agrippe, lors de cette scène d'ouverture qui nous donne l'impression d'assister à une comédie, et dont tout à coup, à la faveur d'un départ, la tension monte brusquement, jusqu'à un point dramatique exceptionnel, lui appartient totalement. Le script de Jules Furthman est lui aussi fantastique, avec sa galerie de personnages et des scènes qui s'enchaînent avec brio. On rêverait d'une telle rigueur pour Hatari!

Et puis il y les codes masculins, les étranges rituels auxquels Bonnie Lee ne comprend au départ rien du tout avant de déceler, derrière ces apparents manque de tact face à la mort, une immense pudeur née d'une non moins immense douleur. Le fait est que ces aviateurs qui risquent leur peau à passer dans des montagnes pourraient tous faire autre chose, autre part. Le fait est aussi que beaucoup sont arrivés au bout du voyage, et ont fait autre chose autre part déjà, ils n'ont finalement rien d'autre que l'aviation. Mais surtout, à l'image du fascinant personnage de Geoff, du Kid interprété par Thomas Mitchell, ou du héros déchu, marqué à vie par une indélicatesse qu'il ne tente même pas de faire oublier jusqu'à ce qu'il s'impose aux autres par son héroïsme, aucun de ces gars ne pourraient faire autre chose que de voler, parce qu'ils aiment ça. C'est ce pour quoi ils sont doués...

Bref: script majeur, interprétation parfaite, timing exceptionnel, suspense radical, dialogues enlevés, photographie superbe de out en bout, et mise en scène à l'unisson. On appelle ça un chef d'oeuvre.

 

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Published by François Massarelli - dans Howard Hawks Criterion Cary Grant