Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Allen John's attic
  • : Quelques articles et réflexions sur le cinéma, et sur d'autres choses lorsque le temps et l'envie le permettront...
  • Contact

Recherche

Catégories

17 août 2016 3 17 /08 /août /2016 09:20

Fort-de-France, durant l'occupation; Harry Morgan est un Américain, qui possède un bateau et tient une petite entreprise toute simple: moyennant finances, il transporte des touristes, principalement Américains, pour leur permettre de pêcher l'espadon. Mais les affaires ne sont par florissantes même lorsqu'un client finit une location de 16 jours du bateau, en faisant tout pour ne pas payer. Pourtant, Harry refuse de se mouiller et prenant l'argent que lui propose la résistance pour véhiculer des Français souhaitant rejoindre les zones neutres, ou les Français libres qui tentent d'organiser la riposte. Jusqu'au jour où le client fortuné qui lui doit une grosse somme est tué d'une balle perdue lors d'une opération de police...

Oubliez l'auteur du livre, Hemingway, pourtant présent en toutes lettres sur l'affiche de ce film à l'époque. To have and have not, comme Passage to Marseille ou Background to danger, n'est finalement que l'un des nombreux enfants illégitimes de Casablanca: c'est même le meilleur tout en étant très proche sur un grand nombre de points: Bogart, bien sur, mais aussi la présence larvée de Français collaborateurs, une atmosphère en trompe-l'oeil, avec à nouveau un pianiste qui sert de digression (Cette fois, c'est Hoagy Carmichael)... Mais Hawks n'est pas Curtiz, et son personnage de Harry Morgan, s'il est détaché de toute politique, et passe son temps à dire qu'il ne se mêlera que de ses affaires et surtout pas d'aider la résistance, n'a pas le passé agité et romantique qu'avait Rick. Et Hawks s'est sans doute plus intéressé à l'intrigue sentimentale risquée entre Morgan et Marie Browning (Lauren Bacall, dans on premier rôle): l'alchimie entre les deux, acteurs comme personnages, est fantastique, bien sur, et les dialogues portent la marque du metteur en scène, qui les a d'ailleurs truffés de notations personnelles ("Steve" est le nom que le réalisateur et son épouse se donnaient mutuellement) et de provocations diverses, la plus célèbre étant l'instruction pour siffler lancée à Bogart amusé, par une jeune bombe sexuelle de 19 ans.

Et puis c'est Hawksien en diable, avec cet art consommé de la digression géniale, mené tambour battant par Walter Brennan, en vieil alcoolique accroché aux basques d'Harry Morgan et qui est persuadé de le protéger! Et bien sur, l'efficacité de la mise en scène qui réussit à nous faire oublier le carton-pâte de Fort-de-France reconstruit en studio, et les transparences maudites lors des scènes de pêche. Pour finir, on appréciera comment la Warner tente de faire pardonner sa bourde de Casablanca (Avec le fameux laisser-passer accepté par Vichy et signé par De Gaulle), en faisant dire à un personnage qui apprend l'arrivée de "la sûreté nationale", que c'est en fait la Gestapo.

Partager cet article
Repost0
Published by François Massarelli - dans Howard Hawks