Ce court métrage provient d'une anthologie produite par le Français Alain Brigand, et sortie en 2002: le principe du film est assez simple, il s'agit de laisser carte blanche à 11 réalisateurs pour réagir aux attentats du 11 septembre, mais de leur imposer une durée symbolique. Ainsi, chaque film dure exactement 11 minutes, 9 secondes, plus une image... Autour d'Imamura, on trouve donc un panel international impressionnant, composé entre autre de l'Iranienne Samira Makhmalbaf, de l'Américain Sean Penn, du Français Clade Lelouch, de l'Egyptien Youssef Chahine, etc... ce sera le dernier film d'Imamura, décédé en 2006.
L'histoire est celle d'une famille et de son embarras à la fin de la seconde guerre mondiale: un vétéran, qui s'est donc battu pour le pays et pour l'empereur, a perdu toute humanité au point de se prendre pour un serpent. La famille et les habitants de son village sont partagés entre une certaine compassion due au héros de la guerre, et l'énervement face aux ennuis qu'il apporte: il va jusqu'à mordre, et devient absolument ingérable...
C'est bien un film d'imamura, qui nous rappelle divers éléments de ses films La femme insecte, Profonds désirs des dieux, et La ballade de Narayama: le mélange d'ironie et de tendresse loufoque dans la peinture des populations rurales reculées, l'animalité des humains mise en évidence, et ce mélange de burlesque, de dégoûtant (Un homme qui rampe, un rat dans la bouche: on ne voit pas ça dans tous les films), et de tragédie. Un flash-back nous montre les derniers instants d'humanité du héros, sur un champ de bataille dévasté. Un officier s'en prend à lui, en lui demandant d'aller faire la guerre sainte. Mais... Comme le dit le message final, il n'y a pas de guerre sainte. Mais le message n'est pas univoque, car lors d'une conversation, l'un des protagonistes évoque un événement dont il a entendu parler: les Américains auraient expérimenté une nouvelle bombe, qui mettra fin à la guerre... Ce qui permet à ce court film de renvoyer à un autre long métrage du metteur en scène, le superbe Pluie noire.