Arthur Hamilton, engoncé dans une routine qui le tue à petit feu, reçoit d'étranges appels d'un homme qui prétend être un ami mort... Il lui annonce qu'il peut comme lui, disparaître du monde et renaître, un nouvel humain qui pourra entièrement refaire sa vie à l'abri de son passé. Après beaucoup d'hésitations, Arthur va se laisser tenter, et bien sur... tomber dans un piège terrifiant.
C'est en plein coeur des sixties (Dont le joyeux laisser-aller se retrouve dans une scène de bacchanale délirante qu'on n'attend pas dans un film Paramount, fut-il de 1966) que Frankenheimer s'est pu à évoquer la paranoïa de l'humanité plutôt que son avenir. Pour lui, la technologie n'st pas une solution, mais ce qui va nous piéger et nous enfermer, on le voit ici avec une entreprise qui emprunte à la chirurgie esthétique sa sophistication la plus extrême, mais le fait dans une atmosphère de secret et de dissimulation criminelle...
Frankenheimer avait vu des films européens, dont la modernité l'avait manifestement inspiré: il y a du Bergman, de l'Antonioni et du Resnais (Voire du Fellini) dans l'étrange dispositif de ce film dont la structure est pourtant fortement linéaire. Les jeux de points de vue déstabilisent le spectateur, autant que le personnage impliqué dans cette expérience de changement d'identité, où le héros devient littéralement quelqu'un d'autre, pour finir par se rendre compte que même en choisissant une nouvelle vie, il finira toujours par aboutir à la même aliénation. Et ça, c'est une interrogation très Américaine, en ces années 60 qui sont définitivement celles du doute. Un film désespérant, mais essentiel... Le rôle peut-être le plus significatif de Rock Hudson, qui interprète le "nouveau" Arthur Hamilton.
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