En 1913, durant la guerre des Balkans, un officier Montenegrin est tué, mais l'officier qui a mené le camp opposé est capturé par ses hommes. C'est un noble Turc, Mammhud Hassan (House Peters), et il va connaître la situation de nombreux prisonniers de guerre capturés en bonne santé: afin d'aider ceux qui sont à l'arrière, il va être captif dans une ferme, où il remplacera un homme mort au front. Par hasard, il se retrouve donc placé dans une petite maison, à l'écart de tout, et se retrouve en compagnie de la famille de celui qui est mort: la belle et farouche Sonia, sa soeur (Blanche Sweet), et son petit frère. Ils vivotent, en élevant des chèvres, principalement... Et si au début Hassan est accueilli par Sonia comme un mal nécessaire (Elle ne s'approche de lui qu'avec une arme!), une relation tendre va peu à peu se dessiner entre eux... Mais la guerre, pendant ce temps, évolue, et les soldats Turcs se rapprochent...
On murmure que ce film, l'un des quinze premiers de DeMille réalisés sur à peu près une année, a surtout été motivé par la nécessité de réutiliser des costumes qui avaient déjà servi pour le projet précédent The Unafraid, déjà situé en Europe de l'Est... Et le script, du à l'équipe Jeanie McPherson-DeMille, a sans doute été pondu très rapidement. D'ailleurs, on imagine très bien que Griffith en aurait fait un film beaucoup plus court, par exemple, en deux bobines sans doute: il y a là une scène de maison en proie à une attaque par des hommes menaçants, des péripéties inavouables, et une femme en danger d'être abusée par un soldat en rut! Bien dans le style des films de court métrage de la Biograph, donc.
Mais le film ne manque pas de charme, oscillant souvent entre drame, suspense et comédie, et Blanche Sweet y est excellente. Même si pour sa part elle n'a pas manqué de se plaindre d'un tournage qu'elle a détesté, sous la direction d'un metteur en scène qu'elle n'a pas supporté! The Captive, conservé en d'excellentes conditions après avoir été perdu jusqu'aux années70, est un film typique de la première manière de DeMille: direct, composé avec simplicité, et linéaire, il permet de voir une histoire qui débouche comme d'autres sur une ode à la liberté et au bonheur, deux luxes à aller chercher ailleurs, tant ils semblent impossibles à trouver pour ces Monténégrins et Turcs, prisonniers d'un monde vieillot dans lequel on se bouscule... Même si le film ne se conclut pas par un plaidoyer en faveur de l'exil pour les USA, il ne fait aucun doute que nos héros ne trouveront pas à s'aimer tranquillement dans la vieille Europe.