En 1970, Jerzy Skolimowski, qui est parti de Pologne suite à ses démêlés avec la censure, réalise son deuxième film Anglais, et profite du relâchement généralisé de la censure en Europe de l'Ouest pour imaginer une histoire de jeune homme lâché dans le grand bain, si je puis dire, de la vie active, aidé en cela par une jeune femme à tomber par terre. Du coup le jeunot l'idolâtre, et le film, de conte cruel sur l'amour gauche, devient une sorte de tragédie.
La métaphore est simple: Mike (John Moulder-Brown), un ado qui vent de quitter l'école pour travailler, se fait employer dans une piscne d'un quartier populaire de Londres, pour y assister les baigneurs. Il est initié à ce métier par une jeune femme très délurée, Susan (Jane Asher), qui parfois échange avec lui ses services vis-à-vis de certaines clientes. Bien sur, Mike va subir des avances, mais il ne vas pas y répondre: tout ce qui l'intéresse, c'est Susan, et il va donc déchanter quand il va lui falloir admettre que non seulement elle est fiancée, mais en plus elle voit des hommes dans le cadre de son activité professionnelle. Mike, qui n'a jamais eu d'expérience, est de plus en plus obsédé par la jeune femme...
Tout ça est bien sur un voyage au pays des fantasmes d'un ado attardé, dont le point de vue est le principal fil rouge de ce film gentiment foutraque, souvent drôle, et vaguement poétique. La piscine nous permettrait bien sur tout un tas de jeux de mots sur la difficile situation vécue par Mike: il lui faudrait se jeter à l'eau, un peu d'entrainement et il saurait nager etc... C'est assez typique de cette période de libéralisation, voire de libération tout court, lorsque le sexe envahissait non seulement les films, mais aussi les rues des grandes villes, y compris la prude Londres... Mais pourquoi, même en pleine révolution sexuelle, les films doivent-ils condamner un brin ceux qui commettent le péché de chair? Ici, le sort qui leur est réservé est assez peu banal il est vrai.