Après deux films qui auscultaient le passé trouble de la politique Américaine, Clooney décide pour sa troisième réalisation de se laisser tenter par une comédie, et de rendre un hommage vibrant, bien vu et sans aucune prétention, à la screwball comedy, et à l'univers de Frank Capra en particulier. Mais Capra avec une particularité qui nous éloigne sensiblement de son univers. Ce film, c'est comme si le héros de Mr Smith goes to washington n'était pas James Stewart, mais Thomas Mitchell.
En effet, l'intrigue de ce film, situé plus ou moins dans les années 20, parle bien d'une journaliste qui tente de débusquer la vérité derrière une star du football Américain universitaire, dont le côté boy-scout parait trop exagéré, un peu à la façon dont Jean Arthur enquête sur Gary Cooper dans Mr Deeds goes to town. Mais tout ceci est vu à travers l'expérience d'un autre joueur, le vétéran Dodge Connelly, qui n'est pas vraiment un perdreau de l'année, et qui lui aussi aflairé une embrouille, ce qui ne l'empêche pas d'engager le joueur miracle, Carter Rutherford (John Krasinski) parce qu'il sait que ça va apporter de la publicité à un domine qui en a bien besoin, le football professionnel. Par la même occasion, il va développer une romance avec la journaliste Lexie Littleton (Renee Zellweger)...
Des dialogues qui fusent, une reconstitution attendrie d'une époque révolue, des stars qui font leur job avec in grand plaisir (Clooney est plus proche ici de son registre tel qu'il l'a développé chez les Coen, que ce qu'il fait habituellement en solo, et je le dis avec plaisir, Zellweger est pour une fois supportable. Pour commencer, elle a une façon d'aborder l'argot d'époque avec une certaine gourmandise, ce qui est important dans ce genre de film!), un milieu exploré avec humour et justesse, et mine de rien, chez cet incorrigible cinéaste à message, un voyage au pays de l'optimisme, à une époque où tout restait à faire, certes, mais ces joueurs de football, les Duluth Bulldogs, l'entraide est une valeur universelle, pour les vieux comme les jeunes, les stars comme les sans grade, et... les blancs comme les noirs. Illusoire, si on se réfère à l'histoire du sport? Oui, bien sur. Mais et alors? Les Américains ne viennent-ils pas d'élire un président illusoire?