Le cinquième des films de Curtiz tournés en 1930 (Il y en a eu six) a subi à peu près le même sort que la plupart des autres: comédie musicale à sa sortie, le film a été recoupé afin de se transformer en comédie tout court, même si deux chansons, mais parfaitement en situation, ont survécu. C'est aussi une comédie militaire, avec tout ce que ce terme peut faire soupçonner en matière de délicatesse et de subtilité: coups de pieds au fondement, confusion de grade, punition... Le comique troupier, dans toute sa splendeur. Et pourtant...
Il y a des moments où on sent un peu la patte de Curtiz, cette incapacité à torcher le travail, ce point d'honneur à tout risquer: les cinq minutes qui sentent bon le film de gangsters au début par exemple: Ben Lyon joue le membre d'un gang qui se bat avec un autre, et lors de l'altercation il le fait tomber de plusieurs étages. Il n'attend pas, et suivi par les autres intègre la parade des soldats qui s'apprêtent à partir en Europe pour combattre. La foule mobilisée, la maîtrise de la mise en scène et du montage, on sent bien que le réalisateur n'a absolument pas traité la scène par-dessus la jambe.
Et de nombreuses séquences témoignent de son insistance à couvrir tous les aspects d'une scène, et à mobiliser tout le studio pour ça s'il le faut. Il fait respirer ce qui n'aurait pu être qu'une production parlante de plus, en mélangeant prise de vue à l'extérieur (Donc muettes) et scènes tournées en studio avec des mattes paintings. et du coup le travail de caméra et le montage encore une fois, gardent un dynamisme qu'on ne trouverait pas dans beaucoup de films de 1929 ou 1930.
Mais A soldier's plaything, qui d'ailleurs a été tourné en écran large, mais sans que l'on sache si ce système (Le format "Widescreen" de la Warner/First National, VitaScope) a été réellement exploité à cause des mauvais résultats des films MGM, Fox ou Paramount tourné dans ce type de procédé, reste à la base "juste un film de Michael Curtiz de 1930": bien, voire très bien fait, mais entièrement tributaire de la volonté du studio, de son script et de ses acteurs.
Parmi lesquels Harry Langdon, qui n'a pas besoin d'être dirigé. Si vous voulez mon avis, la voix ne lui sied pas, mais lors pas du tout. Pour le reste il est lui-même... Son capital de sympathie est probablement le principal ingrédient de ce petit film mal foutu.