Ce n'est absolument pas la vocation de ce site de parler de la publicité, des abominables filmaillons de quelques secondes qui envahissent nos écrans, certes. Mais...
Quand un réalisateur de renom (Kurosawa l'a fait, et pour ceux que ça intéresse, Fellini aussi) s'attaque à une publicité, y apporte des ingrédients personnels, et accomplit avec ou sans budget conséquent un miracle, pourquoi ne pas s'y attacher? Et ici, le miracle, justement, a lieu.
A condition d'aimer Wes Anderson, bien entendu, et ça tombe bien: j'aime énormément ce réalisateur, son univers, donc je ne pourrais pas passer à côté d'un tel film qui bien qu'il ne dure que deux minutes, est suffisamment riche pour y passer du temps... Surtout que le metteur en scène s'y représente, en réalisateur justement. On y assiste à la fin du tournage d'une scène d'action dans un film international, dont Jason Schwartzmann est la vedette. A la fin de la prise, la caméra (Agitée d'un côté comme de l'autre du proscenium, on ne se refait pas) s'attache à le suivre, pendant qu'il nous explique que son métier l'oblige à une solution rationnelle pour son argent: budget, rencontres, voyages, imprévus... sa vie est donc confiée à sa carte de crédit...
On mesure mal à que point il est réjouissant, même pour deux minutes, de retrouver le petit monde décalé et référentiel de ce metteur en scène, qu'on voit justement réaliser une scène d'un film qu'il ne tourner jamais, avec ses acteurs fétiches, et qui en profite pour retourner l caméra sur ce qu'on ne voit jamais. Et là, on mesure aussi le monde qu'il fait pour tourner ne serait-ce qu'un petit spot de deux minutes...
Un spot de deux minutes qui rappelle à qui veut bien l'entendre à quel point le metteur en scène, donc, aime le cinéma. Ce qui fait, certes, que le serpent finit par se mordre la queue: un film sur le cinéma pour montrer à ceux qui l'aiment qu'on l'aime aussi... c'est vertigineux, ou complètement inutile. Bon, ça fait bien deux minutes que je parle de ce film de 120 secondes, je m'arrête ici.